Gros lol et gros lolos

L'esprit rock souffle définitivement sur le Méliès Saint-François avec une veille de Saint-Valentin placée sous le signe du cul et de la rigolade : Y'a du monde au balcon ! Christophe Chabert


Lors de son ultime (et funeste, le mag' n'y survivra pas) changement de formule, la mythique revue Starfix avait choisi comme sous-titre : «cinéma et rock culture». Et pour illustrer ce premier numéro, elle avait consacré un dossier aux films cultes illustré en couverture par une des playmates à gros seins tirées d'une bande sexy de Russ Meyer. Par un de ces concours de circonstance qui font parfois le sel du critique journaliste, les agitateurs du Méliès Saint-François, plus que jamais en quête d'une nouvelle manière de faire vivre une salle art et essai, proposent la veille de la Saint-Valentin une soirée baptisée "Y'a du monde au balcon" où tout ça — l'esprit rock, Russ Meyer, le cinoche comme dernier lieu de culte transgressif — se retrouve joyeusement célébré.

Durant cette nuit éminemment recommandée et fortement vintage, il y aura donc de quoi manger et de quoi boire, de la musique sur vinyles only, des affiches de films érotiques exposées dans le hall et, dans la grande salle avec son tout aussi mythique balcon — d'où le nom de la soirée — deux films : Faster pussycat kill kill de Russ Meyer et Message à caractère pornographique, détournement orchestré par les experts du genre, Nicolas et Bruno.

XXXL

Quelques mots d'abord sur Russ Meyer, qui donnera le la de la soirée : cinéaste fortement ancré dans le sud redneck — qu'on se reporte à l'excellent ouvrage de Maxime Lachaud, Redneck movies (Rouge profond), qui en fait une magistrale et érudite analyse  — Meyer, après quelques tentatives «sérieuses» et une participation à la série de documentaires «Mondo», se spécialise dans la comédie érotique et trash avec une touch bien particulière : la quête éperdue de starlettes dont les bonnets de soutifs doivent être faits sur mesure sous peine débordement incontrôlé. Dans Faster pussycat kill kill, pur film de drive in mêlant sexe, violence et bagnoles vrombissantes, le plaisir de la série B est égal au plaisir voyeuriste à mettre en scène des actrices dont on exploite le girl power pour rassasier l'appétit des spectateurs mâles.

En 1984, l'arrivée de Canal + dans le PAF s'accompagne d'une mini révolution : la diffusion tardive et mensuelle d'un film X pour les abonnés. Pour ses trente ans, la chaîne passe commande auprès de Nicolas et Bruno, qui avait produit pour elle le fameux Message à caractère informatif, d'une fausse fiction à base de films érotiques et pornographiques dont ils détourneraient les dialogues. Le résultat, fruit du visionnage de 2500 films X allant de 1974 à 1995, sera donc visible sur grand écran au cours de cette soirée — dont les participants risquent de garder un souvenir pour le moins humide.

Y a du monde au balcon
Au Méliès Saint-François, vendredi 13 février à 19h30


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L'Œil du Petit Bulletin #3