5 focus sur 5 expos du IN


La Corée invitée d'honneur

Saint-Étienne est la seule ville française membre du réseau UNESCO des villes créatives de design qui en compte douze au monde, parmi lesquelles Séoul, invitée d'honneur de la Biennale 2015. Placée sous le commissariat de Kyung Ran CHOI (directrice du Oriental Culture & Design Center de Séoul), l'exposition Vitality 2014 : BEYOND CRAFT & DESIGN dévoile le nouvel élan de l'artisanat coréen dans la société moderne, entre savoir-faire traditionnels et industriels. L'utilisation de matériaux naturels (céramique, papier, bois...) met en valeur les caractéristiques esthétiques et artistiques de l'objet tout en s'adaptant parfaitement à ses nouvelles fonctions, le faisant ainsi renaître dans notre quotidien, transcendant le domaine de l'artisanat et bousculant les frontières du design. En complément des créations exposées, des vidéos présentent les méthodes de travail employées par les artistes dans leurs ateliers. A noter que la sculptrice Lee Bul expose ses oeuvres au musée d'Art moderne et Contemporain de Saint-Étienne Métropole et que l'univers coréen est présent à la boutique de la Biennale, à la librairie ainsi que dans les snacks et food trucks. D'autres pays sont également représentés dans de nombreuses expositions : Japon, Italie, Belgique, États-Unis, Grande-Bretagne, etc…

Photo = Yeollimun Ash Glaze Bottle - Roe Kyung Jo © Roe Kyung Jo

Demain se dévoile

Les transformations et mutations de la société, l'évolution des technologies, la raréfaction de certaines matières imposent à l'industrie du design de nouvelles exigences. Trois grandes expositions témoignent de l'accélération et la radicalité de ces changements, parmi lesquelles SERIAL BEAUTY, scénographiée par Noémie Bonnet-Saint-Georges et Éric Bourbon, sous le commissariat des journalistes Giovanna Massoni et Dieter Van Den Storm. Si la beauté est traditionnellement associée à l'unicité d'une chose ou d'un événement, l'industrie du design a imposé la notion de «beauté sérielle». L'identité de l'objet devient un espace hybride ouvrant sur des expériences esthétiques fluides, partageables et personnalisables. L'exposition présente une sélection de produits de design industriel, imaginés par vingt créateurs de tous pays à destination d'une soixantaine d'entreprises du monde entier comme Nespresso, Alessi, Biomega, Muji, Praxis… Tous témoignent du lien nécessaire entre diversité et sérialité, régionalisme et mondialisme, acte créatif et industrie. Il s'agit alors de sortir d'une esthétique du prêt-à-consommer pour construire une nouvelle éthique du produit annonçant de fait une nouvelle culture industrielle.

Photo = Plateau pentagonal - Matali Crasset © Adrien Toubiana & Matali Crasset pour Alessi

La beauté du geste

Le design est multiple et protéiforme, mais derrière chaque objet se dessinent des talents, des gestes, des techniques, des savoir-faire qui se perpétuent ou se réinventent grâce à la curiosité et à la créativité des designers. Trois expositions se tiendront sur le site du Puits Couriot/Parc-Musée de la Mine. Dans la salle des compresseurs, les designers Sarah van Gameren et Tim Simpson (Studio Glithero) présentent l'installation LUMINAIRES. Les deux associés créent des structures aux allures de cages qui, en jouant sur l'interaction entre des surfaces vitrées et la lumière, semblent entourer des sources lumineuses pour les capturer. Le spectateur voit alors émerger une réalité alternative au gré de ses déplacements dans ce paysage lumineux. Le fil rouge du travail de Glithero est bien ici : l'instant où un produit prend vie. C'est en ce sens que l'agence londonienne crée des œuvres intangibles ou éphémères, proposant l'immatérialité comme une échappatoire face au matérialisme et au consumérisme de notre société. Les deux autres expositions se tiendront dans salle des Pendus et la salle des Energies.

Photo = Luminaries Development sketches and models - Studio Glithero © Glithero

Ère numérique

La Biennale porte un regard prospectif sur les usages numériques actuels et les pratiques émergentes en donnant à voir dans ses expositions les démarches que poursuivent designers et entreprises autour des produits et services numériques. L'exposition RÉSERVE DÉBOUSSOLÉE est un voyage à l'intérieur d'un laboratoire qui mêle le son et l'image, l'organique et le numérique. Commissaire de cette exposition, Eric Pétrotto est cofondateur et président de la fédération nationale des labels indépendants CD1D. Il est aussi à l'origine du projet 1D touch, une nouvelle plateforme équitable de streaming de contenus culturels indépendants. La plateforme d'écoute permet de puiser dans un catalogue aussi riche qu'éclectique où l'on croise aussi bien le groupe ligérien B R OAD WAY que le DJ et producteur anglais Si Begg. Ici, les photographies de Richard Bellia et les sérigraphies d'Elza Lacotte se répondent à travers les sens, la matière et la musique qu'on voudra en accord, en dissonance ou en résonance. Les scénographes d'Inclusit Design articulent cette mise en scène entre les différents médiums via un parcours entouré de carrelages suspendus tandis que les designers interactifs d'Avant-Goût Studios développent un programme innovant pour que le visiteur puisse interagir avec les oeuvres en éveillant tous ses sens, le geste devenant un étonnant outil d'exploration, complémentaire de la vue, de l'ouïe et du toucher.

Photo = Backstage concert Young Gods, Nuits Sonores Lyon, mai 2011 © Richard Bellia

La promotion des jeunes talents

La Biennale est née sous l'impulsion de l'École supérieure d'art et design de Saint-Étienne en 1998, celle-ci conserve donc tout naturellement une place privilégiée dans la programmation de chacun des rendez-vous bisannuels. Pour la neuvième édition de la Biennale, l'ESADSE sera ainsi présente à travers cinq expositions. Confiée à Sam Baron, diplômé de l'ESADSE aujour'hui designer, L'ESSENCE DU BEAU questionne le design en tant que pratique à travers une sélection de projets de la jeune génération de designers issus d'écoles européennes de design, suisses, espagnols, finlandais, anglais, stéphanois… Il s'agit bien sûr de répondre à la thématique générale l'édition 2015 de la Biennale, Les Sens du Beau. Le visiteur est immergé dans un cabinet de curiosités organisé révélant un certain multiculturalisme. Le design est ici exposé non seulement comme un résultat, mais aussi comme procédé répondant à une question, un moyen de transformer une idée en solution, réelle ou fictive comme la beauté. Les autres expositions impliquant l'ESADSE : TU NAIS, TUNING, TU MEURS (en partenariat avec le musée d'Art et d'industrie), ON SAVAIT, ON SAVAIT QUE ÇA N'ALLAIT PAS DURER (travaux de fin d'études des diplômés 2014 de l'option Art et design), ÇA AURAIT PU ! (dix projets d'identité visuelle pour la Biennale 2015), le Projet d'exposition Arts & Sciences (Communautés de recherche académique de Rhône-Alpes).

Photo = Ashes, vases - Birgit Severin © Birgit Severin


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