Les sens du beauf ?


Avec un titre qui joue la carte de l'humour décalé, l'exposition Tu nais, tuning, tu meurs (à voir au Musée d'Art et d'Industrie) prend à la lettre et avec malice le thème de la Biennale (Les sens du beau), tentant de rapprocher deux pratiques qu'a priori presque tout oppose, le design et le tuning. La question du beau se confronte ici aux limites de la culture matérielle, de la relation à l'objet dans les sociétés post-industrielles tout en flirtant avec les frontières de l'art contemporain. Le sociologue Eric Darras donne ainsi la définition d'un courant qui semble se perpétuer depuis les origines de la production automobile en série :

«Le tuning est l'art de personnaliser son véhicule. L'idée reste de fabriquer un véhicule unique, le sien.»

Appartenant à une frange marginale de la culture populaire, davantage considéré comme une pratique sauvage jouant d'un esthétisme improbable et border-kitsch, le tuning reprend ou développe pour autant certaines formes de design. L'une des intentions de l'exposition consiste justement à utiliser le prisme du tuning pour mettre le design à l'épreuve. C'est donc bien la question du beau dans la création au sens général qui est ici en jeu. Sous le commissariat de Rodolphe Dogniaux, Marc Monjou et Nadine Besse (conservateur en chef du M.A.I), l'exposition a été conçue et scénographiée par les étudiants du Post-diplôme Design et recherche de l'ESADSE en lien avec la revue Azimuts. Parmi les projets à découvrir : Jetdog de Konstantin Grcic, Psychomoulages d'Oliver Peyricot, Soft Serve Boat de Maxime Lamarche, AéroFiat d'Alain Bublex ou encore La Ferrari sur voiture sans permis de Benedetto Bufalino.

À noter que plusieurs événements associés sont prévus tout au long de la Biennale avec notamment un Café tuning dans lequel sociologues et designers échangeront sur la pratique du tuning, un panel de quatre ateliers pour les jeunes de quatre à quinze ans, une exposition de voitures dans les jardins du musée qui se prolongera par une soirée électro et enfin, au Méliès Saint-François, une soirée-projection de deux films mythiques liés à l'univers de la moto et de l'auto : The Greasy Hands Preachers de Clément Beauvais et Bellflower d'Evan Glodell. Niko Rodamel

Tu nais, Tuning, Tu meurs, du 12 mars au 15 juin 2015, au Musée d'Art et d'Industrie, dans le cadre de la Biennale Internationale Design Saint-Étienne 2015

Photo : Soft Serve Boat - Maxime Lamarche © Camille Ayme et Maxime Lamarche


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