Montage de la Biennale : c'est le rush !

A quelques jours de son ouverture, le Petit Bulletin est allé visiter l'immense chantier de la Biennale aux côtés d'une scénographe incontournable de la Cité du design : Noémie Bonnet-Saint-Georges. Niko Rodamel


Noémie Bonnet-Saint-Georges est sortie de l'école des Beaux-Arts de Saint-Étienne (aujourd'hui ESADSE) en 2001, à l'issue d'un cursus de cinq années d'études en section design, complété par deux ans en post diplôme. Après une année dans un studio design à Londres, elle revient à Saint-Étienne pour travailler quelques temps en indépendante, signer plusieurs réalisations pour la ville de Saint-Étienne et créer 1.8, collectif d'artistes et de designers. Noémie, qui avait participé aux premières Biennales en tant qu'étudiante à la fin des années quatre-vingt-dix, se voit confier le commissariat de l'exposition Design et Shop pour l'édition 2008, puis une conférence à Brasilia en 2009 pour l'année de la France au Brésil. Elle sera embauchée en 2010 à la Cité du design où elle travaille depuis en tant que régisseur puis scénographe, en collaboration avec Eric Bourbon.

Le 12 mars approche à grands pas, comment se passe l'installation des expositions ?
Elle a commencé début février pour certaines expos, les choses suivent leur cours, un peu moins d'un mois et demi pour tout monter, c'est… intense ! Pour l'instant, ça fourmille partout, tout le monde est sur le pont, il est difficile de savoir si l'on est dans les clous mais ça va aller. De toute façon, on a beau tout faire pour l'éviter, chaque fois le montage se termine par quelques nuits blanches !

Vous assurez la scénographie de plusieurs expositions importantes du IN. Quel est rôle du scénographe ?
Comme chaque commissaire a sa personnalité, le travail de scénographe est à chaque fois différent. Je peux parfois avoir carte blanche, ce qui est très agréable, je fais alors plusieurs propositions puis on avance pas à pas par ajustements successifs. En revanche lorsque le commissaire a déjà arrêté un certain nombre d'idées, il faut s'adapter, prendre le temps de beaucoup échanger afin d'être sûr de bien se comprendre. Mais à chaque fois la mission est la même : alors que le commissaire a émis un principe de départ et rassemble encore ses pièces, Éric et moi proposons déjà des idées, des ambiances, sous la forme de croquis et de dessins. On peaufine ensuite petit à petit la mise en espace, toujours en étroite collaboration avec le commissaire, c'est un ping-pong permanent pour le choix des couleurs, l'accrochage, l'éclairage, etc… Enfin, il y a un moment où il faut adapter la scénographie en fonction du nombre définitif de pièces pour que tout rentre.

Travaillez-vous avec des artisans ou des entreprises pour le montage des cloisons, pour la peinture, la signalétique ?
Pour les expos de la Cité entre deux Biennales nous embauchons au coup par coup une équipe réduite d'artisans, d'auto-entrepreneurs ou d'intermittents à laquelle on reste fidèles. Mais pour une Biennale nous recrutons une bonne centaine de personnes, dont des élèves de l'École qui font un stage de monteur. Nous avons également recours à des régisseurs d'expositions qui font l'intermédiaire entre la scénographie globale que l'on a conçue en amont et les petites mains qui scient, cloutent et peignent. Le régisseur a un rôle essentiel, il vérifie les plans et les cotes, s'assure que les socles prévus d'après les fiches de prêt correspondent bien aux pièces, puis il commande les matériaux et fournitures nécessaires pour que tout soit prêt et rien ne manque à l'arrivée des monteurs. Avec le nombre important de scénographies que nous avons eu à dessiner Éric et moi, nous avons cette fois-ci embauché une assistante, Bérangère François, qui nous a épaulés dans la préparation avant même l'arrivée des régisseurs, c'était franchement nécessaire.

Y a-t-il des enjeux techniques ou des difficultés particulières pendant le montage d'une Biennale ?
Oui, il y a parfois des choses compliquées à accrocher, on a souvent des surprises ! Mais les chefs d'équipes et les monteurs sont des gens qui ont l'habitude de travailler pour l'événementiel, ils ont généralement la solution à tout. Disons que si l'on a connaissance d'un souci un peu à l'avance, il est parfois possible de modifier ou même de reconstruire. Si en revanche les délais sont trop courts, il faut alors s'adapter au mieux.

Vous êtes commissaire d'ARTIFACT. Pourquoi cette exposition est-elle répartie sur deux sites ?
Il y avait au départ une vraie volonté d'avoir une expo phare du IN dans le centre-ville. La Bourse du Travail est un lieu assez intéressant et même emblématique. Mais le fait de n'exposer que vingt-cinq projets sur près de cinq cent candidatures était franchement frustrant. Nous avons cherché et trouvé un peu de place dans les bâtiments H du site Manufacture, ce qui me permet de pratiquement doubler le nombre d'exposants. On retrouvera d'ailleurs exactement la même scénographie sur les deux sites. J'avais travaillé avec Elsa Francès sur le premier volet d'ARTIFACT lors de la Biennale 2013, puis j'ai peu à peu pris la main sur le projet, être commissaire du cru 2015 est donc la suite logique des choses et c'est très bien ainsi ! À titre plus personnel je participe aussi à deux expositions du OFF : une avec le collectif ANOMALIE au Puy-en-Velay (Puy de Lumière) et une avec le collectif MOCHE sous la Verrière du 19 cours Fauriel à Saint-Étienne (Moche).


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