Les sens en ébullition

Depuis mercredi 11 mars à Saint-Étienne on ne parle que de design. Pendant un mois, la Biennale allume les mèches d'un feu d'artifices d'expos et d'événements divers qui maillent le territoire stéphanois. Penchons-nous sur les expos IN du quartier Manufacture et de la Cité du design. Sélection. NB


Les visites s'enchaînent, les découvertes aussi. Parmi le vaste programme d'expos IN proposé pour cette neuvième édition de la Biennale Design Internationale de Saint-Étienne, le centre névralgique reste la Cité du design avec ses dix-neuf expos différentes entre la Platine et les bâtiments H. Voici notre sélection au coeur de la Biennale.

Le grotesque sous toutes ses formes dans un cabinet de curiosités détonnant. Du carnaval au terrifiant, les objets réunis par le designer Bart Hess et l'historienne de l'art Alexandra Jaffré sont autant de dénonciations de nos dérives sociétales actuelles (à l'instar du flot incessant de paroles diverses et du déliement complet des langues sur les réseaux sociaux, mis en forme à l'aide d'un vase métaphorique, entouré de langues rouges vives comme crachant leur venin sans répit - photo ci-dessous). Alexandra Jaffré explique bien la profondeur du grotesque :

Notion plus riche que le ridicule ou l'absurde, le grotesque nous guette en tout temps.

Avec une scénographie en forme de une grotte composée de plusieurs espaces d'expos, cette exposition amène à méditer sur nous-mêmes et nos modes fonctionnements qui sont parfois pour le moins bizarres...

Questionner les normes, voici l'intention de cette exposition passionnante autour des objets de notre quotidien. En entrant dans l'explication des critères de sélections qui importent dans le processus de création de multiples objets ultra-connus (panneau stop, feuilles de papiers, verres d'une célèbre marque suédoise d'ameublement - cf. photo ci-dessous, ...) ou parfois moins (tel l'oeuf en tube questionnant sur son côté peu ragoûtant), Oscar Lhermitte invite le visiteur à se glisser dans la peau du designer.

On se place au coeur de la réflexion du designer devant jongler avec les normes dans les tailles, les formes ou les couleurs pour que ses créations soient reconnues facilement ou encore ergonomiques et adaptées à toutes et tous. Et ces caractéristiques tiennent souvent du détail qui n'est pas si anodin que cela, lorsque le hasard n'a finalement pas sa place.

Matérialisant l'invisible à travers divers créations à partir de différentes données, Gaëlle Gabillet et Stéphane Villard proposent une introspection dans une certaine spiritualité. Scénographiée par six autels avec une thématique différente (data, sciences, etc) placés au coeur d'une chapelle reconstituée jusqu'au vitraux (en hommage à la chapelle industrielle qu'était la Manu' jusqu'à sa fermeture), cette exposition nous invite à l'introspection, au voyage intérieur. Le design comme support de l'imaginaire et de la transformation de l'objet connu, Forms Follows Information apporte une vision profonde de l'apport du design sur ce que nous sommes.

Trois fois vingt. C'est le nombre d'objets proposés par l'éxposition Serial Beauty mettant en avant le travail de vingt designers ou studios de design intervenus auprès de l'industrie ou du monde entrepreneurial.

Le but de cette exposition est de montrer que le designer ne perd pas sa signature en travaillant pour l'industrie et sutout comment il rentre dans le langage industriel.

Voilà l'explication donné par Dieter Van Den Storm, co-commissaire de Serial Beauty. Une présentation où l'on s'aperçoit de l'importance et du rôle joué dans la création contemporaine par les designers dans des domaines très variés, avec parfois des loupés ou de belles réussites.


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