La poésie de l'enfance, entre sourire et morsure

Mireille Barlet, à la tête de la Compagnie Ballets contemporains de Saint-Étienne qu'elle a fondée en 1989, présente un spectacle né de la découverte d'une véritable « pépite », un livre abécédaire de Nicolas Heidelbach : «Au théâtre des filles». A partir de là, notre chorégraphe stéphanoise a imaginé une création au titre antinomique : «Un sourire qui mord», destinée à tous. Monique Bonnefond


Accessible à tous, dès deux ans, Un sourire qui mord, pièce chorégraphique de la compagnie de Mireille Barlet, composée de petites histoires insolites, fantaisistes, nous plonge dans un univers poétique, étrange, teinté de l'humour allemand un peu grinçant de Pina Bausch. Un sourire peut-il mordre ? On ne peut pas être lisse tout le temps. Accroché, plaqué indélébile sur un visage, il peut dissimuler la face cachée qui mord. Dans le spectacle, les danseuses, deux filles habitent les personnages. L'une, Sara, installée dans la verticalité, danse le rôle abstrait d'une personne qui, par le jeu, s'approprie le ballon, faisant partie des objets de la pièce où la couleur noire définit un espace intime. La deuxième, Laurie, plus féline, plus animale, travaille sur le sol, comme un petit enfant qui marche «à quatre pattes». Elles se rencontrent…comme le dit Sara «on ne peut pas échapper à l'autre.»

Rencontres et émotions partagées

C'est la rencontre qui va faire se passer quelque chose. Quand se crée une osmose, un peu de l'infini se met en place. Entre Laurie et Sara, toute une danse se crée autour du jeu de cache-cache. Un dialogue s'établit par une danse des mains qu'elles inventent. Puis, leur jeu va basculer. Elles se lancent des défis, se disputent, se séparent. Le sourire se mue en morsure. L'envie, le désir, le caprice, la jalousie déclenchent des mouvements de corps qui révèlent ces états intérieurs derrière le sourire. Comme Sara qui dit «Laurie et moi, avons créé notre histoire à nous», les spectateurs découvrent «leur» danse, celle à laquelle chacun peut s'identifier ou réagir. Les enfants ne s'y trompent pas. Comme ils n'ont pas d'a priori, ils adhèrent rapidement. «Ce sont des spectateurs très spontanés, mais aussi très exigeants. Il faut aller les chercher, ne pas leur faire peur. Il faut les embarquer dans l'histoire et ensuite, il faut les tenir» assure Sara. Quel défi ! Mais quel bonheur de partager ces instants magiques ne pouvant que combler ces artistes animés par l'émerveillement de l'enfance.

Un sourire qui mord, vendredi 10 avril à 20h30 au Théâtre Quarto Unieux


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