C'est un jardin extraordinaire...


Disserter sur l'alchimie de Jean-Sébastien Bach, comme celle de Mozart d'ailleurs, relève toujours de la gageure, un acte d'humilité. Une fois les accords chiffrés, les harmonies analysées, les fugues disséquées, le contrepoint idolâtré, que reste-t-il du grand ouvrage cosmique, sinon un vortex géant ? Mozart après avoir découvert les partitions du Cantor, n'a-t-il pas écrit d'une plume toute neuve sa sublime Messe en ut ? Les Sonates pour flûte et clavecin de Bach ne sont pourtant pas la clef de voûte de quelque puissant chef d'œuvre, comme les Concertos pour deux, trois ou quatre claviers, la Messe en si, une cantate jubilante, ou une bouleversante Passion. Ici, Bach, joue sur la corde intime, comme il le fait avec les miraculeuses Sonates pour violoncelle et clavier. Le contrepoint se met au service d'une méditation intérieure, une spiritualité tout à la fois ludique et contemplative. Faut-il croire au hasard si l'on annonce que le talentueux ensemble de musique ancienne Le Jardin des Délices convoque dans son patronyme le mystérieux triptyque de Jérôme Bosch de 1503, tableau oscillant entre la science fiction et l'art naïf médiéval ? Le «tout en un» symbolique, le tableau crypté. Renaud Charles au traverso et Olivier Camelin au clavecin investiront la petite église de St-Paul-en-Cornilllon, pour faire palpiter les petites pépites d'un maître de l'infiniment grand comme de l'infiniment petit. Alain Koenig

Le Jardin des Délices, 29 mai à 20h St-Paul-en-Cornillon


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Jauja