Le feu de la servante

"L'odeur des planches", roman adapté en pièce de théâtre, est un très beau monologue sur le métier et la vie d'une comédienne qui ne peut plus exercer sa passion. Le texte trouve toute sa dimension dans le jeu de Sandrine Bonnaire. Florence Barnola


A l'origine Samira Sedira a écrit un roman, son premier. Pour autant son écriture s'avère d'une incroyable maturité, d'une grande force qui vous emporte. L'auteur va à l'essentiel en choisissant les mots justes, vecteurs d'actions et d'une émotion bouleversante. Samira Sédira a écrit ce texte comme elle joue puisqu'elle est avant tout comédienne, et si par chance vous l'avez vue dans diverses créations vous approuverez qu'on lui accole l'adjectif «excellente». Comment alors résister à la tentation d'adapter au plateau un superbe roman sur une femme, comédienne, qui tombant au chômage comprend viscéralement ce qu'ont vécu ses parents immigrés algériens ? «Son texte, sans pathos ni complaisance, dans une écriture tracée au couteau, parle du basculement de son existence» Richard Brunel, le directeur de la Comédie de Valence n'a pas pu résister. Le metteur en scène connaît bien l'auteur. Ils sont issus de la même formation, l'Ecole de la Comédie. De plus Samira a fait partie de la troupe des Anonymes, elle a joué dans de nombreux spectacles de Richard. Ils sont amis de longue date. «Samira Sedira était comédienne, elle jouait sur les scènes des plus grands théâtres français, tenait des rôles importants au Festival d'Avignon, enchaînait les contrats. Puis, du jour au lendemain, plus rien, plus aucune proposition. Éclipsée. L'Odeur des planches raconte cette éclipse. Quand elle dut se tourner vers la plus alimentaire des activités : les heures de ménage».

Sandrine Bonnaire, interprète idéale

Le directeur du CDN drômois a proposé à Samira de jouer son propre rôle. Elle a préféré travailler sur l'adaptation. «Il y a de moi dans ce texte et cela ne m'intéressait pas d'y revenir. Je préfère le laisser vivre ailleurs, dans un autre corps, avec un metteur en scène. Et puis, en tant que comédienne, quand je joue au théâtre avec un personnage, j'aime bien avoir de la distance, là il n'y en aurait pas eu, cela aurait été catastrophique. Maintenant que j'ai écrit ce texte, que chacun en fasse ce qu'il désire. J'espère juste que ces mots vont continuer de résonner dans les théâtres, et dans les coeurs.» Ensemble, Richard et Samira ont imaginé la comédienne idéale pour interpréter ce personnage: Sandrine Bonnaire, qui réunit tout à la fois l'engagement nécessaire et une sensibilité retenue.

L'odeur des planches, du 11 au 13 mai à 20 h à la Comédie de Saint-Étienne


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