Obrigado Flavia !


Il y a un certain temps que je n'avais pas assisté à un concert de musique brésilienne. Il fut pourtant une époque où la note bleue ne m'avait pas encore envoûté, où le jazz ne m'émouvait pas plus que la java et où mes oreilles lorgnaient davantage du côté sud-américain. J'ai donc eu ma période Gilberto Gil et Caetano Veloso (les deux compères seront d'ailleurs ensemble au théâtre antique de Vienne en juillet prochain). J'ai écouté tout Carlos Jobim. J'ai lu quelques controverses sur les origines de la bossa nova. J'ai chanté Aguas de Março sous la douche et sous la tente, en Super 5 et en Fiat Uno, à Salamanque et aux Saintes-Maries-de-la-Mer, en presque-portuguais et en français (Les eaux de Mars). Je me suis bien souvent évadé loin-très-loin sur les tubes de Milton Nascimento dont le superbe Ponta de Areia, avec Môssieur Wayne Shorter himself au saxophone soprano, ne quittera probablement jamais le top-ten de mes thèmes préférés. J'ai encore le souvenir du concert que le Roi Lézard donna à la fin des années quatre-vingts dans le grand amphi de la fac Tréfilerie, alors que je débutais mes études d'Histoire option baby-foot. Aujourd'hui encore je conserve précieusement mon 33 tours noir et orange sur lequel le duo Getz / Gilberto offrait au patrimoine musical de l'humanité l'indémodable et cultissime A Garota de Ipanema

En parcourant la presse musicale, je suis tombé l'été dernier sur une phrase qui titilla ma curiosité :

« Flavia Coelho déplie son monde intérieur comme une carte urbaine immense et multicolore ».

Il y a parfois comme ça des brochettes de mots qui vous interpellent de façon inattendue et résonnent intimement en vous. Je me suis alors documenté sur cette artiste et me voilà quelques mois plus tard, le 28 mars dernier pour être précis, au centre culturel Le Sou de La Talaudière, attendant appareil en main l'arrivée sur scène de la chanteuse-guitariste brésilienne. Une belle surprise. Entre samba, bossa, forro, reggae, ragamuffin, dub et hip hop, Flavia Coelho se joue des étiquettes et se permet tous les métissages. Elle fait preuve d'une présence explosive doublée d'une énergie étonnamment contagieuse : cette fille-là semble avoir des fourmis dans les jambes tant elle ne tient en place pas plus d'une demie seconde. Les chansons de Flavia Coelho sont un appel à la danse, à la fête. L'évidence du Brésil dans les accords de sa guitare et dans les accents de sa langue natale sont un appel au voyage, faisant naître au creux du ventre l'envie soudaine de faire un tour du monde improvisé en mode viens-ma-princesse-on-verra-bien ! Bref kadabref, la musique de Flavia c'est un peu l'appel du large…


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La double vie de Pauline