Les Djinns toniques


Une fois n'est pas coutume, autorisons le coq gaulois à se rengorger à la lecture du «programme commun» de l'Ensemble Vocal Universitaire et du Chœur de Femmes du Conservatoire Massenet. Véritable «Lagarde et Michard» à l'usage du choriste français, les deux ensembles enchaînent les joyaux d'un répertoire, étendard d'une sensibilité si particulière pour les oreilles étrangères. Fuyant l'invasion allemande en 1870, Gounod s'installe à Londres. C'est sur les bords de la Tamise qu'il compose Gallia, motet décrivant la Jérusalem détruite, métaphore d'un Paris en ruine, après la tragédie de la Commune. Dans le dernier mouvement, la soprano solo exhorte chœur et orchestre à espérer, dans un élan d'un rare et déchirant lyrisme. Deux pièces incontournables de Fauré prolongent la fête : les étranges et fantomatiques Djinns, ainsi que le bouleversant Cantique de Jean Racine, emblématique d'une musique française racée, subtile et recueillie. Claude Debussy avec «Trois Chansons de Charles d'Orléans», puis l'Ave Maria et le Dextera Domini de César Franck viendront clore ce programme exaltant et hexagonal. Mariette Wilson et Maëlle Defoin-Gaudet auront à cœur d'insuffler à leurs phalanges respectives les phrasés, la diction et les nuances d'un style typiquement français, que la plupart des ensembles vocaux de la planète ont désormais appris à maîtriser. Alain Koenig

Prog."Gallia" par le Groupe Vocal Universitaire et le Choeur de Femmes du Conservatoire Massenet, le 6 juin à 20h30 en l'Église de La Terrasse (Saint-Étienne) et le 7 juin à 17h en la Collégiale de Saint-Bonnet-le-Château


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