CharlÉlie Couture : «J'ai le sentiment d'avoir été un peu mis à l'écart»

Avec "I m M o r t e l", CharlÉlie Couture a sorti à la rentrée 2014 son dix-neuvième disque studio. Une épreuve où, pour la première fois, il a confié les clefs de sa réalisation à un autre artiste, à savoir Benjamin Biolay. Un peu boudé par les médias français, le dandy blues-rock, à qui l'on doit notamment le célèbre "Comme un avion sans aile", vient en ce mois de juillet faire résonner sa voix nasillarde si particulière à la Forge dans le cadre de l'Estival de la Bâtie. Propos recueillis par NB.


Comment est intervenu Benjamin Biolay sur I m M o r t e l  ?
Benjamin Biolay s'est occupé de la réalisation de l'album. Comme un metteur en scène va travailler sur un scénario existant, il a apporté une couleur particulière à l'album, sa patte. C'était une nouveauté pour moi. J'ai été ravi de faire cette expérience du fait de la complicité avec Benjamin. Sur les vingt disques que j'ai faits, c'est vraiment la première fois que je « laisse les clefs » à quelqu'un. Je suis ravi du résultat.

Est-ce que votre live a évolué depuis le début de la tournée I m M o r t e l ?
En fait, je suis sans cesse en train d'expérimenter différentes formules. Hier soir, j'étais par exemple en concert à Harlem en duo avec Karim (NDLR : Karim Attoumane, guitariste complice de longue date de CharlÉlie Couture), deux jours auparavant j'étais en quartet à Alphabet City dans un club avec deux musiciens américains en plus avec basse-batterie et Karim, et la formule trio que j'adore avec Emmanuel Trouvé au clavier me donne la possibilité d'un relief différent. J'ai eu envie de m'accorder plus de latitude par rapport à la formule rock traditionnelle que je trouve un peu lourde J'ai une approche de ma musique plus abstraite qu'avec simplement un seul type de formation.

Vous venez de clore une exposition rétrospective CharlElie, NCY-NYC à Nancy. Avez-vous d'autres expositions prévues en France ?
J'ai trois ou quatre expositions prévues à la rentrée mais pas en France. Et surtout rien de comparable à cette exposition à Nancy qui avait un caractère exceptionnel. Elle regroupait une centaine de tableaux, une centaine de sculptures, des photographies. Il y avait environ trois cent pièces présentées. Il y a eu plus de treize mille visiteurs qui se sont présentés, ce qui est assez rare pour une exposition d'art contemporain en province...

Les médias français ont un rapport parfois un peu bizarre avec vous. Est-ce que vous vous sentez assez soutenu en France ?
J'évite de me poser cette question. Cela reste un point d'interrogation pour moi. J'ai le sentiment d'avoir été un peu mis à l'écart. Ce sont des questions liées au marketing des médias de façon générale. Mais je ne peux rien dire car la presse écrite a bien soutenu l'album. C'est plutôt la télévision qui a peu encadré ma présence. Est-ce le fait que je sois à New-York ? Je ne sais pas... Mais encore une fois, j'évite de me poser la question. Il n'y a pas de raison que cela m'altère.

Les valeurs aux États-Unis ne sont pas les mêmes qu'en France.

Le fait d'être aux États-Unis depuis plus de dix ans désormais a-t-il fait évoluer sensiblement votre manière de travailler et votre vision du monde et de vous ?
Oui, bien sûr. Tout simplement car j'ai pu prendre du recul. On ne voit pas le match de la même manière que l'on soit dans les tribunes ou sur le terrain. Les valeurs aux États-Unis ne sont pas les mêmes qu'en France. Parce qu'il existe une distance et que l'on ne voit pas les choses de la même façon. Évidemment, mon rapport avec ce que je suis et même avec la France, a changé à partir du moment où j'avais un double point de vue.

Pour le moment, toujours pas de retour définitif en France en prévision ?
Cet été, je vais passer plus de temps en France qu'à New York car j'ai beaucoup de choses à y faire. De plus, je ferme définitivement ma galerie d'art à New-York dans deux semaines. Ce fut une expérience de cinq ans que je suis ravi d'avoir vécue. Cela m'a permis de rencontrer des centaines de gens. Mais étant donné qu'être galeriste est une activité extrêmement contraignante et très prenante, cela m'a obligé de mettre trop de trucs de côté. Désormais, je vais pouvoir repartir sur une autre voie et vraisemblablement retrouver un atelier et recevoir sur rendez-vous, non plus avec la porte ouverte en permanence.

CharlÉlie Couture, lundi 13 juillet à 20h30, La Forge au Chambon-Feugerolles, dans le cadre de l'Estival de la Bâtie


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Chapeau !