Schlaasss taille dans le lard

Le duo électro-hip-hop stéphanois a sorti cette année un premier album à cran d'arrêt. Attention, objet coupant ! Par Benjamin Mialot


«Les Gones inventaient le cinéma quand vos pères crevaient dans les mines» pouvait-on lire au début du siècle sur une banderole déployée lors d'un derby Lyon Saint-Étienne. Ce dont on ne se doutait pas alors, c'est que les pères en question ne se sont pas tués à la tâche. Ils ont plus vraisemblablement été réduits en charpie par leurs propres enfants, rendus fous par l'inhalation répétée de poussières de charbon.

Un clip défend cette thèse : celui qu'a tourné au Parc Couriot - Musée de la mine le collectif de vidéastes Shoot !t avec Schlaasss l'an passé, hallucinant plan-séquence filmé face caméra dans lequel le duo stéphanois, le corps agité et l'esprit libre, vocifère en terrain connu son envie de passer sa Salope de prochain au fil d'une lame rouillée.

Bon, d'accord c'est un peu tiré par les cheveux, mais c'est toujours moins douloureux que les nombreux sévices (leur signature : l'insertion rectale d'une Volvo) promis par Charlie Dirty Duran (physique de cheerleader névrosée, flow de doubleuse de manga sous PCP) et Daddy Schwartz (carrure de survivant, timbre de grand dadais) sur leur premier album, un stimulant condensé d'électro-hip-hop provocateur et dégingandé évoquant les pitreries white trash de Die Antwoord, l'arrivisme médiatique et la paresse mélodique en moins – cf. le titre Selfie, pris d'une main industrieuse gantée d'electronica.

Schlaasss - Schlaasssch  [Atypeek Music]

Retrouvez également la chronique du premier album de Schlasss par notre confrère Guillaume Wolhbang de la rédaction du magazine Hétéroclite, qui en fait son album incontournable pour cet été 2015. À découvrir juste ici.


<< article précédent
Olivier Richard, éclairagiste indépendant : « La lumière c’est de la magie »