O. Martin-Salvan : « Chacun de nos spectacles naît de la frustration du précédent »

Inoubliable Pantagruel la saison dernière, Olivier Martin Salvan est à l'affiche de "Bigre", pièce burlesque sans parole qu'il a co-écrite avec Pierre Guillois. Entre la tournée de "Bigre" et les répétitions d'un nouveau spectacle à Brest, il répond à nos questions.


Vous jouez souvent des personnages excessifs, clownesques. Est-ce dans votre nature de comédien ?
Le premier rôle que j'ai joué était Monsieur Jourdain dans le Bourgeois Gentilhomme, nous l'avons tourné 9 ans. Très vite j'ai senti que le rire est intéressant, qu'il peut mener plus loin. Plus tard j'ai travaillé le chant lyrique (ndlr : Ô Carmen) qui est quelque chose de fort, le spectateur est tout de suite happé par ça. Il aime bien voir le dépassement de soi, comme au cirque quand le fil de ferriste fait peur parce qu'il chavire mais qu'il se récupère, il y a quelque chose comme ça dans l'art de l'acteur. J'ai aussi travaillé avec Valère Novarina qui demande beaucoup à l'acteur, son langage est inventé, du coup tous les repères sont remis à zéro. Pour moi, le spectacle total est le cirque, j'essaie de m'y approcher avec ce vécu-là. Sergueï Bubka disait qu'il n'a pas battu des records du monde pour que quelqu'un d'autre ne le fasse pas plus tard, mais pour que sa discipline grandisse.

Michel Fau a-t-il été une inspiration pour vous ?
C'est l'acteur suprême. Il dépasse ses limites. C'est un grand exemple, il va très loin dans le jeu, dans l'interprétation. Il est un peu sans filet Michel. C'est un grand maître. Comme Philippe Caubère qui a ouvert des portes immenses dans l'art de l'acteur.

Dans Bigre, vous jouez avec Agathe L'Huillier et Pierre Guillois avec qui vous co-signez l'écriture de la pièce…
C'est une histoire très importante que j'ai avec Pierre Guillois depuis 2006. On a une association très forte. Nous nous sommes rencontrés à Bussang, il cherchait un Père Noël. Nous avons ce même désir de chercher à faire du théâtre populaire tout en étant exigeants. C'est notre quatrième collaboration et ça a toujours été l'étincelle. J'ai eu trois rencontres déterminantes dans mon métier : Valère Novarina, Benjamin Lazar et Pierre Guillois.

Comment avez-vous créé le spectacle ?
Chacun de nos spectacles naît de la frustration du précédent. Cela a toujours été la règle. Après Le Gros, la vache et le mainate, nous avons voulu faire un spectacle sans parole. Nous avons déterminé que nous allions être trois acteurs et que ça se passerait dans des chambres de bonnes parisiennes. Nous avons ensuite choisi l'actrice puis travaillé à partir d'improvisations. Agathe L'Huillier a pour langue maternelle le langage des signes, elle a apporté beaucoup dans ce travail. Le plus impressionnant c'est de voir les coulisses du spectacle, il y a deux techniciens qui n'ont aucune pause en une heure et demi...

Bigre, mise en scène de Pierre Guillois, samedi 24 octobre à 20h au Théâtre du Parc à Andrézieux-Bouthéon


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