Les bouchées doubles

Pour sa dix-huitième session, le programme d'expositions Local Line dévoile simultanément à Saint-Étienne et Firminy le travail de quatorze jeunes créateurs invités à produire des œuvres originales. Niko Rodamel


Avec Local Line le Musée d'art moderne et contemporain met en lumière depuis déjà cinq ans de jeunes artistes, issus des régions Rhône-Alpes et Auvergne ou qui ont choisi pour un temps d'installer leur atelier sur ce territoire. La cuvée 2015 s'installe sur deux sites différents, le MAMC et le site Le Corbusier à Firminy, en résonance avec la Biennale d'art contemporain de Lyon. Parmi artistes exposés au MAMC, Anthony Jacquot-Boeykens présente trois tableaux sur lesquels il superpose des couches de peintures, créant une forme de tissage visuel où la matière épaisse conserve la trace du geste répétitif et de l'outil. L'installation de Baptiste Croze est constituée d'objets disposés le sol comme « une prairie où les herbes chatouillent les genoux des spectateurs ». Quant à Josselin Vidalenc, il présente La chambre d'amis, une installation dont les tubes d'acier jointés forment un étonnant quadrillage architectural sous lequel sont éparpillés divers objets. En marge de l'exposition, l'artiste habitera cet espace par les gestes de son corps lors d'une performance, le 12 novembre à 18h30, dans le cadre de la programmation Un Soir au Musée.

Les clés de Saint-Pierre…

Les œuvres installées à Firminy s'inscrivent pleinement dans leur lieu d'exposition, évoquant tour à tour l'architecture, l'urbanisme, le design ou le motif. Parmi ces créateurs, Laura Ben Haïba travaille à partir de chutes de matériaux qu'elle transforme en objets sculpturaux insolites. Grégoire Bergeret et Thomas Jeames proposent une structure quasi architecturale qui, pour le coup, se trouve en complète contradiction avec l'esprit de Le Corbusier. Ici les lignes sont obliques, la structure s'ouvre sur l'extérieur et le film qui tourne en boucle au cœur de l'installation fait apparaître la modernité comme incertaine. Tom Castinel fait se télescoper la sculpture, le dessin, l'écriture, la vidéo, la performance, le son et la musique, livrant des compositions sobres et épurées, faisant référence autant au Modulor de Le Corbusier qu'à la culture techno berlinoise des années quatre-vingts. Lee Ju Hyun et Ludovic Burel ont créé des meubles où la patte de Le Corbusier semble littéralement customisée à la mode coréenne, le tout baignant dans une bande son élaborée à partir d'une bibliothèque de sons traditionnels.

Local Line 18, jusqu'au 15 novembre au MAMC et jusqu'au 4 janvier 2016 sur le site Le Corbusier à Firminy


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