Festival Face à Face : « Contre la parole de l'obscurantisme »

La 11e édition de Face à Face, le festival gay et lesbien de Saint-Étienne, se tiendra du 19 au 22 novembre prochains. Si l'association qui la programme renouvelé son équipe, c'est pour mieux poursuivre le travail accompli durant sa première décennie… Vincent Raymond


« C'est à la fois difficile et exaltant ». Alors que le festival s'annonce, Martial Dumas, nouveau président de Face à Face, assume avec un mélange d'enthousiasme et de gravité sa fonction dans l'association : « en dix ans, le festival s'est forgé une image et un impact au niveau national, voire international : il fait partie du top 5 francophone. En tant que cinéphiles, nous avons à cœur de continuer à proposer la programmation la meilleure possible, et d'élever la qualité des séances. » Dès l'ouverture, le très attendu film de Sean Baker Tangerine (prix du jury à Deauville) donnera le tempo, en avant-première française. Nombreuses, d'ailleurs, seront les exclusivités lors de cette édition : outre Vierge sous serment de Laura Bauspuri et The Duke of Burgundy de Peter Strickland qui n'ont jamais été montrés au public stéphanois, Face à Face privilégiera l'inédit en France. Un joli tour de force, incluant la projection (suivie d'une vidéo-rencontre) Beira-Mar, de Filipe Matzembacher et Marcio Reolon, débusqué à la dernière Berlinale. Cette richesse dans le choix et la provenance des pays se trouve, paradoxalement, renforcée par un climat actuel délétère : « La parole de l'obscurantisme se libère dans des pays plus ou moins éloignés et qui se rapprochent de chez nous, note Martial Dumas, mais des films naissent aussitôt en réaction. Les artistes de cinéma sont les premiers à montrer la voie — cela procure un certain réconfort. D'autant qu'ils touchent le grand public et sont parfois produits par les grands studios. » On l'a encore vu cette année avec La Belle Saison de Catherine Corsini, ou Carol, de Todd Haynes (sur les écrans début 2016), qui a valu à Rooney Mara le Prix d'interprétation féminine à Cannes. Dense pour les longs métrages, la programmation n'omet pas les courts qui auront droit à leur 4e Nuit dédiée le 21 novembre, avec 17 films distillés. Enfin, même si ce n'est pas du cinéma, Face à Face accueille Océanerosemarie pour une représentation de son nouveau spectacle, Chatons violents. Pour Martial Dumas, l'événement n'a rien d'anodin : « Dès qu'on en a la possibilité, on cherche à faire se rencontrer les gens et intégrer une part de spectacle vivant dans le festival. L'occasion était trop belle de faire revenir Océanerosemarie qui avait triomphé avec La Lesbienne invisible il y a 3 ans. L'humour est le ciment du projet ; tant qu'il y en a, on fait passer beaucoup de choses… »

11e festival du film gay et lesbien du 19 au 22 novembre à l'Opéra-Théâtre, au Méliès Saint-François et au Méliès Jean Jaurès.


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