"La Maman et la putain" revisité


Le long-métrage de Jean Eustache, La Maman et la Putain, est considéré comme un chef-d'œuvre par de nombreux critiques et spectateurs. Le film sorti en 1973 s'inscrit dans l'après effervescence de 68, le début des questionnements. Bien qu'il s'agisse d'un couple à trois, la libération sexuelle n'est pas tant le sujet de la Maman et la Putain mais plutôt la difficulté du choix amoureux et des souffrances qu'il engendre. Jean Eustache a apporté une théâtralité à son projet cinématographique, qui est presque un huis-clos (un homme, deux femmes) avec des monologues, des conversations, de longs plans séquences. L'une des singularités du film repose sur les dialogues extrêmement bien écrits, la langue est belle et c'est déjà en soi une raison suffisante pour adapter l'œuvre au théâtre. Bizarrement peu s'y sont frottés : Jean-Louis Martinelli l'a mis en scène en 1990 à la MC 93 de Bobigny et la compagnie suisse STT (Super Trop Top) s'est aussi emparée du matériau en créant Je me mets au milieu mais laissez-moi dormir joué en 2014 au Festival d'Avignon. « Comment ces paroles résonnent-elles aujourd'hui et qu'en reste-t-il ? Les doutes peut-être, face à un système qui rejette très vite dans ses marges les individus questionnant ses valeurs centrales », explique le metteur en scène Dorian Rossel. Sur le plateau, le minimum : trois  acteurs, quelques accessoires et éléments de décor ramenant aux années 70.  Et la magie du texte d'Eustache semble toujours opérer. FB

Je me mets au milieu mais laissez-moi dormir du 14 au 17 décembre à 20h à l'Usine


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Un goût d’enfance acidulé