Mansfield. TYA : « Avec le temps, nous nous sommes affirmées »

Sans sombrer dans le pathos dégoulinant, "Corpo Inferno", le quatrième album de Mansfield. TYA est un disque élégant et inédit sur la scène française. Réussissant à créer un pont entre musique baroque et électro, Julia Lanoë (ou Rebeka Warrior dans le groupe Sexy Sushi) et Carla Pallone imposent un style bien à elles. Une sorte de musique progressive d'un genre nouveau. Rencontre avec la première nommée avant leur passage à Saint-Étienne en tout début de mois. Propos recueillis par Nicolas Bros


Vous avez situé votre travail entre Jean-Baptiste Lully et Laurent Garnier... C'est très extrême comme références ?
Oui, c'est vrai. Nous avons pris ces deux références car elles correspondent à deux styles de musiques que nous apprécions : la musique baroque et la techno. Cela correspond globalement à ce que nous faisons car notre musique n'est ni simplement de la techno, ni de la musique baroque. Je pense aussi qu'il était important pour nous de nous situer entre deux artistes français. Un très contemporain et un de l'ancien temps.

Sur Corpo Inferno, il ressort une impression que vous allez encore plus dans les extrêmes que sur Nyx, votre précédent opus. Était-ce une volonté claire de votre part lors de la composition ?
Nous avons toujours travaillé sur les extrêmes avec Mansfield. TYA. Avec le temps, nous nous sommes encore plus affirmées. Nous avons réussi à atteindre ce que nous souhaitions depuis longtemps. À savoir mélanger des morceaux très mélancoliques, construits dans une veine minimale, avec des titres plus violents et plus arrangés. C'est une volonté affichée depuis les débuts de notre groupe. Sur Corpo Inferno, on commence à atteindre ce résultat.

« Nous avons réussi à atteindre ce que nous souhaitions depuis longtemps. À savoir mélanger des morceaux très mélancoliques, construits dans une veine minimale, avec des titres plus violents et plus arrangés. »

Il y a un énorme travail sur les mots dans cet album, avec la présence de références littéraires et pas mal de second degré, à l'instar du titre Le Dictionnaire Larousse. La littérature vous inspire beaucoup ?
Oui, la littérature fait partie de nos inspirations. Nous aimons beaucoup lire, de nombreux ouvrages très différents. Pas forcément des écrits très pointus. Il y a des trucs bien nazes dans nos lectures ! (rires).

Au fil de votre tournée, votre live devait évoluer et intégrer petit à petit les nouveaux morceaux issus de Corpo Inferno. Est-ce qu'à Saint-Étienne, vous aurez fini cette progression ?
Concernant les concerts, nous allons les diviser entre ceux de l'automne et ceux du printemps. En mars, nous reviendrons avec un live un peu différent comprenant plus de nouveaux morceaux. L'idée de départ était de faire un live "d'automne" composé à moitié de nouveaux morceaux et à moitié d'anciens titre réinterprétés. Nous avons envie de garder des morceaux que l'on aime et défendre cet album en même temps.

La photo que vous avez utilisée pour votre pochette d'album est assez saisissante, vous êtes comme deux statues de cire. Comment en êtes-vous arrivées à ce résultat ?
C'est un de nos amis, Théo Mercier, un artiste contemporain avec qui nous travaillons souvent. Pour la sortie de cet album, il avait envie de faire la pochette et nous lui avons laissé carte blanche. Nous lui avons juste précisé, que nous voulions partir de la thématique des pierres et des pierres tombales. Étant donné que Théo est sculpteur, on a vite dérivé vers les statues. D'où ce résultat.

Vous avez aussi collaboré avec Shannon Wright, qui est la seule guest de l'album. Pourquoi l'avoir choisie et comment cette rencontre s'est déroulée ?
C'est une artiste que nous apprécions toutes les deux. Même avant de faire de la musique, j'écoutais beaucoup son travail. Nous avons signé sur le label Vicious Circle car Shannon Wright fait partie des artistes de cette maison. Au fil du temps, nous avons fini par la rencontrer, nous avons des amis communs et nous avions envie d'écrire un titre ensemble. Cela a donné un morceau mi-anglais, mi-français.

En ce qui vous concerne plus personnellement, y-a-t-il du nouveau à venir avec Sexy Sushi ?
Pour le moment, non. Comme je dis souvent, on ne mélange pas les torchons et les serviettes. Je ne sais pas qui de Mansflield.TYA ou Sexy Sushi est le torchon ou la serviette (rires). Mais toujours est-il que pour le moment, je me concentre sur Mansfield. TYA.

Mansfield.TYA [+ Jeanne Added], samedi 5 décembre, Le Fil


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