Simon Javelle, "Music Instinct"


Si vous croisez Simon Javelle, il y a de fortes chances pour qu'il n'ait que peu de temps à vous accorder. Actif et passionné, le programmateur du célèbre festival stéphanois de chanson (mais pas que...) Paroles & Musiques est loin de se contenter de cette seule fonction. Avide de découvertes et jamais avare de nouvelles rencontres, il fait partie des figures incontournables du secteur culturel stéphanois et régional. Il se partage entre le
milieu économique “classique” avec son entreprise de promotion et programmation C'Kel Prod et son implication dans le milieu associatif au travers de sa fonction de directeur
du festival Paroles & Musiques.

Une implication double

Une double fonction à l'ancrage local fort, pas toujours comprise par certains, mais qui lui a permis de s'épanouir, tant d'un point de vue professionnel que personnel. «Je suis
très content d'avoir connu les deux secteurs, le privé et l'associatif», assure-t-il. «À l'époque où je n'étais que dans le milieu associatif, j'avais une image du secteur culturel privé peu reluisante. Quand certains produisaient des artistes que je
n'aimais pas, je pensais que c'était nul.»Mais celui qui se définit comme un programmateur/promoteur d'artistes s'est assagi sur ce domaine, jusqu'à comprendre toutes les facettes du secteur. «Dix ans après, dirigeant aujourd'hui C'Kel Prod, je dois
avouer que mon regard a évolué et que je considère qu'un succès populaire
a le droit d'exister. Dans le secteur associatif, nous sommes “privilégiés” car les subventions permettent de faire découvrir des artistes. Il ne faut par pour autant penser que l'on détient la vérité.» C'est d'ailleurs à cause de certains aspects caractéristiques de l'associatif culturel que Simon Javelle a, pendant quelques temps, laissé de côté son implication directe pour le festival Paroles & Musiques. «Je suis sorti du festival car j'en avais marre d'avoir chaque année à refaire nos preuves auprès des subventionneurs, de passer plus de temps à remplir des dossiers que de travailler sur le développement de l'événement.» Mais Simon Javelle ne restera pas longtemps éloigné de la destinée artistique de ce festival et reprendra du service jusqu'à en devenir le directeur en 2014 tout en conservant le rôle de responsable de la programmation. Une tâche qui lui permettra de “rajeunir” la programmation et de continuer à l'ouvrir à de jeunes talents, comme le faisait déjà son père, Marc.

Un dénicheur de talents

De nature assez discrète, Simon Javelle pourrait pourtant se targuer de posséder une  oreille affutée et un instinct musical quasi-infaillible, malgré le fait qu'il n'ait jamais pris part à un groupe ou projet musical personnel.

«Si l'on reste sur nos acquis, le festival disparaîtra dans les cinq ans.»

«J'ai toujours vécu la musique à travers les artistes, mais je ne suis pas pour autant frustré. Il y en a que ça étonne et d'autres qui comprennent. Je ne suis pas un technicien de la musique, ni un musicologue mais
j'ai des sensations.» Ces dernières ont forgé sa politique de programmation au fil des années. Il a ainsi donné leur chance à de nombreux jeunes talents émergents, à la notoriété souvent encore assez faible, de se produire face au public stéphanois, aux côtés de grands noms. Très souvent, ces artistes en devenir éclosent peu de temps
après leur passage à Saint-Étienne. On pense au collectif Fauve (passé en 2013) ou encore Stromae (passé en 2011), ... De jeunes talents qui auront encore une belle place lors de la vingt-cinquième édition du festival avec notamment la présence de Grand Blanc, Jain ou encore Hollydays. Cette caractéristique a mené certains à aller jusqu'à qualifier
Paroles & Musiques de “mini Francofolies de la Rochelle” en terres stéphanoises.

Un attachement fort à Saint-Étienne

Admirateur absolu de Mano Solo, pour les valeurs et la force de vie qu'il véhiculait et qui l'ont guidé dans sa vie personnelle et professionnelle, Simon Javelle correspond également
bien aux caractéristiques de la ville dans laquelle il est né et où il vit encore aujourd'hui. Attaché à Saint-Étienne autant qu'à son équipe de football, il sait la qualité de vie inhérente à la capitale forézienne. «Je ne vois que les bons côtés de cette ville. Elle est suffisamment grande pour ne pas être un village et suffisamment petite pour rester humaine», détaille-t-il. «Il y a dix ans, j'ai failli partir à Paris, après la déception de ne pas avoir été retenu pour la gestion du Fil. Sur le coup, ça a été très dur. Mais finalement, cela a été un mal pour un bien.» S'il ne regrette rien, il souhaite également voir le festival s'ancrer encore plus dans sa ville tout en revoyant son modèle économique. «Le festival
devrait connaître de gros changements dans les prochaines années», annonce-t-il sans en dire trop. «En ce qui concerne l'aspect économique du festival, l'idée est qu'il dépende de moins en moins de subventions publiques. Cela passera par une augmentation de l'auto-financement, qui se situe actuellement aux alentours de 65%, mais également par le développement de partenariats privés qui passera par la programmation de têtes d'affiches mais également par un travail sur un site, qui pourrait être le musée de la Mine. C'est un  projet qui dépasse le simple aspect culturel, mais qui sera lié au tourisme ou au développement économique du centre-ville. Si l'on reste sur nos acquis, le festival disparaîtra dans les cinq ans.» Ces différents projets sont autant de garanties pour Simon  Javelle de la pérennité de ce festival qu'il affectionne tant, et qui représente un véritable fer  de lance pour Saint-Étienne.

25e festival Paroles & Musiques du 20 au 28 mai 2016 à Saint-Étienne


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