Boukhrief : « "Made in France" ne sera pas maudit »

Après les attentats de novembre 2015, Nicolas Boukhrief avait pris avec philosophie et dignité la non-sortie sur les écrans de son “Made in France”, sur une cellule djihadiste qui doit semer le chaos au cœur de Paris. Nous l'avions rencontré à Grenoble en janvier dernier lors de la présentation de son film à un festival. Ce même film sera projeté en exclusivité à Saint-Étienne ce jeudi 17 mars au Méliès Saint-François. Un événement à ne pas manquer ! Propos recueillis par Vincent Raymond


Votre film est programmé dans le cadre du Festival des maudits films. Il y a là une ironie tragique…
Nicolas Boukhrief : Pour le public, c'est surtout l'occasion de le voir dans la dimension pour laquelle on l'a conçu. Et d'apprécier le travail du chef-opérateur sur l'image et celui sur le son. Et quel honneur d'être programmé dans le même festival que Sorcerer de Friedkin !

À quel moment avez-vous fait le deuil d'une diffusion sur grand écran ?
Franchement, après le Bataclan [sa sortie était prévue le mercredi suivant – NDLR]. Après ce qui s'était passé dans une salle de spectacle, j'aurais été étonné que beaucoup de cinémas le prennent. Moi-même, si j'avais été exploitant, j'ignore ce que j'aurais fait, c'est complexe… D'ailleurs, ce film a été très difficile à faire, dès sa phase de production. Mais il n'était pas fait pour provoquer : c'est un état des lieux.

« [Ce film] n'était pas fait pour provoquer : c'est un état des lieux »

Ayant été critique, vous savez qu'une œuvre maudite finit par rencontrer le public, voire devenir un classique. Quid de l'avenir de Made in France ?
C'est une question intéressante d'un point de vue cinéphile. Autrefois, les œuvres étaient maudites parce qu'invisibles. Aujourd'hui, avec tous les supports de téléchargement et le piratage – tout se trouve sur Internet –, c'est moins vrai. Un film censuré provoque une grande curiosité, qui dépasse son sujet. Love de Gaspar Noé aurait été interdit en salles, il aurait connu cet engouement. Sortant le 29 janvier en e-cinema, Made in France ne restera pas invisible, donc pas vraiment maudit.

Made in France, jeudi 17 mars à 20h au Méliès Saint-François suivie d'un débat avec le réalisateur via Skype


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