Truffaz survole l'Afrique

Le trompettiste Erik Truffaz sera de passage à Rive-de-Gier le 9 avril pour défendre son nouveau projet, dont est issu un CD plein d'africanité grâce à la présence lumineuse de la chanteuse malienne Rokia Traoré. Niko Rodamel


Quel artiste, quel musicien n'a-t-il pas connu sa période africaine ? Déjà Gainsbourg ou Nougaro et plus tard Peter Gabriel (pour ne citer qu'eux), ont en leur temps puisé dans la palette rythmique et mélodique du continent noir, pour renouveler leurs arrangements, et se relancer le temps d'un ou deux albums… Terre de toutes les origines (et pas seulement en termes artistiques bien sûr), l'Afrique continue d'inspirer le reste du monde musical. Le trompettiste Erik Truffaz aura attendu de préparer son dix-neuvième album pour donner à de nouvelles compositions une franche couleur africaine. Souvent étiqueté jazzman de façon restrictive, on connaît les nombreux autres univers auxquels le musicien s'est frotté jusqu'ici, du rock au rap en passant par le funk ou encore les musiques électroniques. Lors de son dernier passage dans la Loire en 2009, le trompettiste partageait le devant de la scène avec le beat boxeur et rappeur Sly Johnson. Préférant dire qu'il joue de la pop instrumentale plutôt que du jazz, le musicien a régulièrement joué aux côtés de différentes voix comme celles de Christophe, Rodolphe Burger, Ed Harcourt ou encore Sophie Hunger. Après une première expérience avec le chanteur tunisien Mounir, Truffaz avait à cœur de retravailler avec une voix venue d'Afrique.

En apesanteur

Pour son nouveau projet, Doni Doni, Truffaz invite la chanteuse Rokia Traoré, magnifique artiste et femme engagée. La voix de la Malienne, entre recueillement et ferveur, fait toujours mouche une fois encore. Elle intervient avec magie sur quatre des dix titres que comptent l'album et posent son empreinte dès les premières secondes de musique. Comme à son habitude, Truffaz semble se nourrir des voix auxquelles il fait appel, tant le timbre et le souffle de sa trompette s'en rapprochent étonnamment. Sur CD comme sur scène, la playlist est mûrement réfléchie, l'artiste bâtit au fil des titres un scénario entre tensions et détentes. Soutenu par une solide rythmique (Arthur Hnatek aux baguettes et le fidèle Marcello Giuliano à la basse) qu'enrobent parfaitement les claviers de Benoît Corboz, la trompette s'envole, plane, caresse, avec un son large et délicat, en apesanteur. Comme tout musicien ayant découvert le jazz avec l'album Kind of Blue, l'influence de Miles Davis demeure immense et indiscutable, notamment dans le phrasé, le grain et l'économie de notes. Au final, Doni Doni brouille les pistes et rapproche les continents, entre Afrique et jazz actuel, se payant même le luxe d'inviter Oxmo Puccino sur le dernier titre de l'album, Le complément du verbe, pour une sorte de bonus en guise de remerciement à la vie.

Erik Truffaz, samedi 9 avril à 20h30, salle Jean Dasté à Rive-de-Gier


<< article précédent
Mickaël Furnon, à la ville comme au chant