Entre deux

Trajectoires, concours de création chorégraphique pour danseurs et chorégraphes hip-hop désireux de s'ouvrir à de nouvelles formes d'écriture, est un pilier du festival Trax. Parmi les compagnies présentes cette année, Freestyle et Burnout donneront un extrait de leur création : Wolf's et Compact, deux duos magistraux. Monique Bonnefond


Deux duos formés d'un homme et d'une femme (ou un corps masculin et un corps féminin) éveillent forcément des choses très fortes. Mais ici, pas d'érotisme ! Pas non plus d'intention féministe, de volonté de montrer la suprématie d'un corps sur l'autre. Ceux de Coralie Hédouin et Guillaume Legras, dans Wolf's, glissent, parfaitement synchronisés dans une danse physique et poétique. Même dans la proximité, les éléments du duo restent toujours distincts. Quand le duo devient solo, c'est parce que Guillaume part en coulisses. Puis il revient. Dans Compact, au contraire, pas de distinction entre les deux corps imbriqués. Le contact physique est permanent et si étroit que les êtres ne font plus qu'un. Ce défi à l'arithmétique tant rêvé par Maupassant, serait-il la clé du bonheur ?

Le pouvoir et la lutte au sein de la relation duelle

Outre l'érotisme, deux corps étroitement imbriqués ou même plus éloignés peuvent évoquer une bagarre. C'est bien le cas au coeur de Wolf's mais encore plus dans Compact, où les tensions prennent inévitablement une très grande place. Il ne peut être naturel d'être ainsi collé constamment à quelqu'un. Cela dévore l'intimité. Les corps, par des mouvements brusques repoussent ces membres qui, comme des tentacules, vous dépossèdent de votre individualité. Des mouvements tout aussi brusques dans Wolf's repoussent la main, qui impose son pouvoir sur l'épaule. Comment trouver l'équilibre, l'harmonie pour laisser la place à l'autre, tout en gardant la sienne et faire en sorte que « l'homme (ne soit plus) un loup pour l'homme ». C'est finalement le questionnement profond de ces deux pièces intenses. Monique Bonnefond

Wolf's par la Cie Freestyle le 1er juin à la Maison de l'Université à 21h et Compact par la Cie Burnout le 2 juin à la Passerelle à 21h


<< article précédent
La plus noble conquête de l’homme