Yanis : « J'ai laissé du temps aux choses »

Sous le pseudo de Sliimy, il avait cotôyé le succès très (trop) jeune. Le Stéphanois a pris du recul quelques années, avant de revenir sur le devant de la scène sous son vrai nom, Yanis, et de proposer une musique qui lui ressemble vraiment sur un premier EP L'Heure Bleue. Un come-back réussi dans une électro-pop bleutée aux contours marqués et aux méandres sonores de qualité. Il sera sur scène au Fil pour Paroles et Musique le jeudi 26 mai. Propos recueillis par Nicolas Bros.


Votre premier EP, sous le nom de Yanis, s'intitule L'Heure Bleue. Ce titre est-il inspiré de ce moment de la journée où le soleil n'est pas encore levé et la nuit pas tout à fait terminée ?
Yanis : Il y a plein de sens et de symboliques à ce choix. C'est vrai que c'est un moment "entre deux" où les choses se métamorphosent assez vite et où l'on est vraiment conscient du temps qui passe. Il se trouve que c'est assez à l'image de ce que j'ai vécu ces dernières années lorsque je composais cet EP. J'ai laissé du temps aux choses et c'était une métamorphose. Je me suis rapproché de la couleur bleue également, qui m'a détendu. Je fonctionne beaucoup avec les couleurs quand je compose ou que je visualise ce que je veux faire musicalement. C'est devenu un fil conducteur. Enfin, je trouvais intéressant d'avoir un titre en français, ça faisait un clin d'oeil également à la France.

« La pochette représente aussi cet état dans lequel j'étais à Berlin, où j'étais au bord des choses, et où j'ai pris des risques. »

Vous avez travaillé ce mini-album entre Paris et Berlin. Est-ce que la capitale allemande vous a inspiré ?
Oui, beaucoup. La pochette de l'EP a été influencée par Berlin avec ses grands espaces, son socle en béton, ... J'ai découvert une ville où l'on peut se projeter et se trouver car l'espace nous laisse des libertés que l'on ne trouve pas forcément dans toutes les villes. Là-bas, c'est toi qui créés ton  environnement. Paris est une ville complètement opposée. C'est une ville-musée, alors qu'à Berlin il faut aller au fond des choses pour découvrir. J'ai vécu une année là-bas pendant laquelle j'ai rencontré de nombreux artistes et qui m'a apporté beaucoup d'inspiration. C'est une ville également où j'ai lâché prise, ce qui m'a mis parfois en danger. La pochette représente aussi cet état dans lequel j'étais à Berlin, où j'étais au bord des choses, et où j'ai pris des risques.

Conservez-vous des liens forts avec votre région natale, la région stéphanoise ?
Ce sont des liens éternels je pense. J'ai vécu dix-neuf ans ici. Ces liens évoluent car j'ai d'autres expériences aujourd'hui. Mon premier projet, Sliimy, était finalement très en lien avec cette ville. J'étais enfermé dans ma chambre d'adolescent. Aujourd'hui, j'ai toujours cette histoire là qui fait partie de mon passé mais je suis sorti de cette chambre en allant aux États-Unis, au Japon, ... j'ai ouvert une porte vers le monde. Avec cet EP, c'est vraiment Yanis qui parle et non pas un alter ego.

Vous avez auto-produit cet EP avec votre maison de disque Y & I Records. Ce passage de Warner à l'auto-production a-t-il été compliqué ? Libérateur ?
Il y a des complexités, c'est sûr. C'est une grosse prise de risques. Il y a des choses que l'on ne fait pas de la même manière, on n'a forcément pas les mêmes moyens. Je travaille aujourd'hui avec une équipe que je considère comme une famille, réellement. J'ai été très solitaire auparavant et aujourd'hui je suis entouré par une équipe, comme une Factory à la Andy Warhol. C'est un peu la plus belle chose que j'ai construite aujourd'hui. J'ai quitté Warner par choix, pour ne pas répliquer la même chose et en ayant le besoin d'évoluer. Ils n'avaient pas compris là où je voulais aller. La maison de disques ne définit pas l'artiste, mais c'est lartiste qui doit mettre ses règles et ses limites.

Aimeriez-vous produire d'autres artistes via votre structure ?
Peut-être. J'avoue ne pas m'être encore posé la question mais pourquoi pas. J'ai toujours rêvé de monter un label. J'ai réalisé ce rêve avec mon meilleur ami. Je ne sais pas jusqu'où cela ira car c'est une structure assez compliquée à monter et à gérer.

Vous nous expliquiez que vous êtes entouré d'une équipe complète d'artistes. Mais concernant la composition, êtes-vous seul ?
Je travaille en binôme avec un ami, Apollo Noir, qui m'accompagne sur scène et qui a produit les titres avec moi. J'écris les textes seul et après nous travaillons le son ensemble. Tout est assez fluide dans notre façon de composer. Nous n'avons même pas besoin de nous parler, tout se transmet par la musique. C'est très agréable.

« Quand je compose une chanson j'ai souvent des images en tête »

Vous avec réalisé également vos clips pour les titres Hypnotized et Crave. Vous aviez annoncé vouloir réaliser un clip pour chaque titre de l'EP L'Heure Bleue. Est-ce que tous ces clips verront le jour ?
Voilà une des complexités de l'auto-production mais mon objectif est de le faire. Donc, oui je le ferai, avec les moyens du bord.

L'image a donc autant d'importance pour vous que la musique ?
Oui, exactement. Quand je compose une chanson j'ai souvent des images en tête. C'est une extension de la musique au même titre que la scène, la danse, ... Pour moi, tout est lié.

Votre musique est très électronique. Avez-vous déjà pensé à faire des Dj sets ?
J'en ai déjà fait mais de manière ponctuelle. J'ai mixé à Paris dans différentes soirées. Mais je ne suis pas très doué pour cela. Je suis très admiratif des djs qui mixent en vinyles. Il faut laisser faire les spécialistes.

Sur scène, comment vous présentez-vous ?
Nous sommes trois. Je suis au chant et deux personnes aux machines, percussions et claviers.

Yanis [+ Hyphen Hyphen + Sage], jeudi 26 mai à 20h au Fil, dans le cadre du festival Paroles & Musiques


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