Les images de l'intranquillité

La galerie Ceysson présente un ensemble de peintures de l'artiste stéphanois Jean-Marc Cerino. Une belle occasion pour découvrir son œuvre exigeante et singulière. Jean-Emmanuel Denave


Jean-Marc Cerino est un artiste exigeant, de ceux dont l'œuvre demande beaucoup d'attention et une curiosité patiente. Il travaille depuis vingt-cinq ans toutes sortes de médiums : la peinture, la photographie, les objets, les livres... Et part du principe que l'image est moins une clarté ou une évidence qu'un espace de représentation inquiétant, énigmatique, fragile. Au Musée Paul Dini de Villefranche-sur-Saône, en 2008, nous avions découvert plusieurs petits portraits d'artistes réalisés au brou de noix qui donnaient une idée de ses influences tutélaires : Cézanne, Joseph Beuys, Yves Klein, ou encore la philosophe Simone Weil et Fernando Pessoa. Ce dernier, poète de "l'intranquillité", écrivait que « Dans la vie, la seule réalité est la sensation. Dans l'art, la seule réalité est la conscience de la sensation ». Jean-Marc Cerino bouscule encore notre conscience en interrogeant et en complexifiant ce qui relève de la perception, de la sensation et de la représentation.

Fantômes

Né à Jallieu (Isère) en 1965, diplômé des Beaux-Arts de Saint-Étienne, Jean-Marc Cerino présente à la galerie Ceysson un ensemble de peintures sur ou sous verre, composées à partir de dessins et de photographies d'anonymes essentiellement. Fonds et surfaces, formes et matériaux, archives et créations, passé et présent, deviennent chez lui autant de « lieux » de passage et de transformation des représentations. L'artiste travaille dans cet entre-deux des images où l'on ne sait jamais très bien si ces dernières apparaissent ou disparaissent. Des ruines et des archives, il peut ainsi résulter aussi bien une catastrophe définitive ou au contraire une « survivance » et un devenir des images... « Tramées d"étrangeté, écrit la critique d'art Anne Favier, ces images revenantes, belles et inquiétantes, constituent une mémoire commune complexe car féconde d'équivocité et d'imaginaire. »

Jean-Marc Cerino, Comme une brise d'accalmie, jusqu'au 30 juillet à la Galerie Bernard Ceysson


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