Trois coups de cœur


Vinicio Capossela

S'il fallait comparer Vinicio Capossela, déjà présent l'an dernier mais cette fois-ci mis à l'honneur en grande pompe, à un chanteur italien, sans hésiter on choisirait Shane McGowan, qui est Irlandais — mais ça n'a pas beaucoup d'importance. Comme McGowan, chanteur historiquement édenté des Pogues, Capossela est un pur rockeur qui a toujours su puiser au plus profond du folklore de son pays pour bâtir une œuvre qui puisse être à la fois populaire pétrie d'indépendance, foutraque au dernier degré et immédiatement classique, évoquer la berceuse comme la chanson à boire — l'usage peut-être commun. Avec dans la voix cette fêlure qui ferait pleurer un caillou et dans l'attitude, cette folie furieuse qui donne envie de danser sur les mains.

À l'Odéon le samedi 9 juillet

Silvain Vanot

Lui aussi était déjà à Fourvière il y a deux ans, pour rendre hommage à Robert Wyatt. Lui aussi est mis à l'honneur à un degré supérieur : une résidence à l'Épicerie Moderne pour mettre au point avec Christian Quermalet un spectacle, présenté au Domaine de Lacroix Laval, autour de son nouvel album, le bouleversant Ithaque. Un titre ô combien bien choisi pour celui que l'on pensait avoir égaré jusqu'à sa résurrection musicale de 2009 avec Bethesda. S'il est parfois passé entre les gouttes du succès de certains de ses confrères des années 90, s'il a connu quelques revers, le chanteur à la voix fluette est un très grand.

À l'Étoile Rouge du Domaine de Lacroix-Laval le lundi 18 juillet

Tindersticks

S'il est un prodige réussi par les Tinderticks en presque 25 ans d'existence — leur premier album, sans titre, fut album de l'année en Angleterre en 1993 — c'est bien d'avoir toujours été à contre-temps et à contre-pied de son époque. Quand la brit pop battait son plein, ils faisaient tout l'inverse et font toujours aujourd'hui tout l'inverse de ce qui se fait. Probablement, la bande de Stuart Staples n'a-t-elle aucune idée de ce qui se fait. Elle vit dans un monde d'harmoniums, de cuivres à consonances soul et jazz, de voix d'outre-tombe et d'outre-malt. On serait bien incapable de dire ce qui fait le secret de la musique des Tindersticks, qui, sans en avoir l'air, a beaucoup changé en 25 ans, tout juste peut-on assurer qu'elle se déguste et envoûte dès la première seconde.

À l'Odéon (avec Bertrand Belin) le dimanche 24 juillet


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