Cinéma : Le Camion Rouge et l'Alhambra en mode phénix

Il y a parfois des coups de théâtre au cinéma : celui ménagé par Sylvie Massu est de nature à relancer la fréquentation de l'Alhambra et du Camion Rouge, où un nouveau directeur vient d'être nommé. Une nouvelle donne pour un deuxième souffle ?


Au printemps dernier, Sylvie Massu avait dressé devant la presse un état des lieux de son parc cinématographique stéphanois — l'Alhambra et le Camion Rouge —, procédant à quelques annonces : accords négociés avec les opérateurs de stationnement pour ses clients, création d'une carte de fidélité “Privilège” limitée à 1 000 détenteurs et offrant au bénéficiaire une place au tarif préférentiel de 6 euros ; ouverture pour la rentrée d'une salle de sport et d'un restaurant de part et d'autre du Camion Rouge…

Cette cachotière avait omis une information de taille : la nomination Patrick Gabet au poste de directeur de réseau du groupe ABC (Alliance Bourguignonne Cinématographique), en charge des sites dijonnais et stéphanois du holding familial… mais basé à Saint-Étienne. C'est un professionnel aguerri qui fait ainsi son retour à la tête d'un ensemble de cinémas : il fut en effet directeur d'exploitation pour UGC à Lyon de 1996 à 2007, avant de se lancer avec succès dans le conseil et la communication, notamment auprès d'exploitants indépendants — il n'a donc jamais quitté le secteur.

L'enjeu “central”

« C'est un beau challenge » s'enthousiasme-t-il, en soulignant que les deux écrins du centre-ville possèdent, outre leur situation, des atouts enviables : l'Alhambra dispose sur le même site de plusieurs salles de très grande capacité (jusqu'à 500 fauteuils, une jauge désormais exceptionnelle) ; quant au Camion Rouge, dont le lancement a connu un faux départ, son histoire reste à écrire.
À pied d'œuvre pour peaufiner l'équipement de l'ancien Gaumont, le nouveau directeur fourmille d'idées, afin de renouer un contact quelque peu distendu avec un public désorienté par le changement d'enseigne de l'ex-Gaumont — et les remous internes qui lui ont succédé. L'enjeu est de taille : si les deux complexes cinématographiques sont économiquement complémentaires entre eux, leur fréquentation assure également celle des établissements périphériques (cafés, restaurants…), dynamisant donc par rebond toute leur zone de chalandise. Quant à la programmation, globalement grand public, elle ne devrait pas percuter frontalement celles des Méliès, exception faite des incontournables films d'auteurs à grand spectacle et v.o : la concurrence serait plutôt à redouter en périphérie, là où de nouveaux multiplexes s'annoncent (comme à Saint-Just Saint-Rambert avec Le Family “relooké”).

Pour l'épauler dans son entreprise, Patrick Gabet peut compter sur Léa Desplanches, sa chargée de communication, une nouvelle recrue débauchée chez Sainté Shopping. Elle peut déjà s'appuyer sur ces outils que sont le site flambant neuf www.cines-stetienne.com et l'application pour smartphone Ciné St-Étienne. On pressent que la rentrée livrera son lot de surprises : les 700 000 entrées espérées pour l'exercice 2016 par Sylvie Massu au printemps dernier sont en ligne de mire. Mais le pari semble, désormais, moins hasardeux…


<< article précédent
Detroit, ville invitée d'honneur de la prochaine Biennale design