Théâtre : notre sélection


La voix des invisibles

Chaque rentrée a désormais sa pièce de lutte sociale : après Florange l'année dernière, ce sont les Fralibs que défend un Philippe Durand porte-voix des anciens ouvriers Lipton, en lutte pendant 1336 jours contre la fermeture de leur usine par Unilever. « 1336 » est aussi aujourd'hui la nouvelle marque des thés produits par la SCOP qu'ils ont créée en 2015. Une lecture de témoignages recueillis sur le vif par le comédien et restitués avec l'accent marseillais d'origine…

1336 (Parole de Fralibs), du 11 au 14 octobre à la Comédie de Saint-Etienne

Un Macbeth africain

C'est l'histoire de quatre acteurs sud-africains qui vont tenter de jouer les personnages de Macbeth. Tous vivent à Johannesburg. Là-bas, ils sont aussi linguistes, rappeurs, chanteurs, professeurs d'université, danseurs, poètes. D'étranges interférences entrelacent leurs vies intimes et la pièce de Shakespeare. Jean-Paul Delore, le metteur en scène, a beaucoup travaillé en Afrique et poursuit ici ses aventures avec ce continent à la recherche d'une poésie universelle.

Macbeth quand même, du 18 au 20 octobre à la Comédie de Saint-Étienne

Du lien entre Bruce Lee et Koltès

Long monologue d'une seule phrase qui dure soixante-trois pages, "la Nuit juste avant les forêts" de Jean-Marie Koltès est un texte rude et flamboyant dont on ne sort pas indemne. Le comédien et metteur en scène Renaud Béchet choisit de l'aborder avec un angle pour le moins original. Il a travaillé le rôle en s'inspirant de Bruce Lee, « un pacifiste amené à se battre », empruntant aux films d'arts martiaux des années 70 leurs techniques de ralenti pour opérer des arrêts sur « paroles »…

La Nuit juste avant les forêts, mis en scène et joué par Renaud Béchet, du 23 au 25 novembre, au Chok Théâtre.

A la recherche du bouc-émissaire (Bis repetita)

Andorra est un petit pays imaginaire, îlot de tranquillité, auto-proclamé pur et “vierge de toute culpabilité” par ses habitants. Les façades de leurs maisons sont blanches comme neige et ils tolèrent chez eux la présence d'un réfugié, preuve qu'ils ne sont pas comme les “barbares” d'à côté qui les persécutent… La pièce écrite par Max Frisch au lendemain de la seconde guerre trouve un terrible écho dans le chaos actuel, mais le procédé de « réalisme merveilleux » de la Cie Premier Acte la rend plus soutenable, faute d'être légère.

Andorra, par la Cie Premier Acte, jeudi 8 décembre à 20h30, à la Maison de la Culture Le Corbusier

L'ascenseur social est en panne, prendre un BMX

Une adolescente plutôt mal partie dans la vie cherche une voie de salut dans sa passion pour le BMX. Holloway Jones, pièce d'un jeune auteur anglo-canadien mise en scène par la Lyonnaise Anne Courel, revisite le genre de fables initiatiques. Le racing est partout présent : en images mentales, dans l'énergie des personnages, chez le coach, dans la vitesse des changements de séquences… Le vélo imprime le rythme de la pièce. Dangereuse, acrobatique, spectaculaire, comme la vie d'Holloway.

Holloway Jones, de la compagnie Ariadne, le 25 octobre au Centre Culturel de la Ricamarie, le 24 et 25 novembre, à la Comédie de Saint-Etienne

Après le mariage, le divorce !

Reprenant les personnages créés par Beaumarchais près de deux siècles plus tôt, Ödön von Horváth imagine ce qui aurait pu se passer après Le Mariage de Figaro. La pièce transpose les deux couples de maîtres et de valets dans un contexte d'exil qui leur fait perdre leurs repères. La mise en scène de Sylvain Delcourt emprunte aux codes de la série, de la sitcom, son réalisme "en toc" pour accentuer légèrement le comique des personnages et des situations.

Figaro Divorce, Cie Lalalachamade, le 9 décembre au Théâtre du Parc, Andrézieux-Bouthéon.

C'est du lourd !

Les armoires normandes invitent à s'interroger sur le rapport amoureux à travers ses joies et ses misères affectives. Dix acteurs improvisent avec humour et irrévérence sur ces questions, proposant aux spectateurs d'explorer en groupe, en duo ou en solo, plusieurs variations sur le même thème. Les Chiens de Navarre, troupe iconoclaste, qui pratique une sorte d'écriture scénique automatique, se démarque par sa volonté de faire du théâtre autrement et de bousculer les codes bourgeois d'une scène figée. Pour public averti !

Les armoires normandes, de Jean-Chirstope Meurisse, Les Chiens de Navarre, du 8 au 10 novembre, La Comédie de Saint-Etienne.

Prendre un peu de recul

Pour oser une pièce sur un attentat dans un bar israélien dans le contexte actuel, il fallait bien la plume ciselée d'un Stefano Massini, une mise en scène tout en sobriété par Arnaud Meunier et l'incroyable présence de Rachida Brakni. Par le prisme de l'omniprésent conflit israélo-palestinien, l'écriture très documentée de Stefano Massini puise dans la confrontation de trois points de vue féminins pour nous faire douter de certaines évidences.

Je crois en un seul dieu, de Stefano Massini, du 10 au 20 janvier, à la Comédie de Saint-Etienne.


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