Agnès Martin-Lugand : « Je savoure chaque jour »

Plébiscitée par les lecteurs via Internet en 2012 avec son livre Les gens heureux lisent et boivent du café, Agnès-Martin Lugand a, depuis, connu un parcours fulgurant jusqu'à devenir marraine de la 31e Fête du livre. Ce sera l'occasion pour elle de défendre aussi son dernier romain, Désolée, je suis attendue. Rencontre en toute simplicité.


Que représente pour vous le fait d'être la marraine de la Fête du livre cette année ?
Cela me rend fière et en même temps, je me sens toute petite. (rires) Quand on m'a proposé cette responsabilité, j'ai été émue et je n'en revenais pas. Pour moi, ce n'est pas anodin. Ca va représenter quelque chose de particulier pour moi. C'est la première fois que je suis amenée à être marraine d'un événement littéraire. Je suis rentrée dans le paysage littéraire il y a tout juste trois ans.

Vous êtes déjà venue à la Fête du livre ?
Oui, en 2014. J'y avais passé un très bon moment. Je commençais tout juste à me rendre dans ce type d'événement. Le public est d'une gentillesse confondante. Les lecteurs n'ont pas peur des auteurs, ils viennent vers nous, discutent... L'accueil est vraiment extraordinaire.

Votre histoire est fulgurante. Pouvez-vous nous rappeler votre parcours depuis 2012 ?
Je me suis auto-éditée en numérique fin décembre 2012. Le roman a tout de suite décollé sur les classements des ventes. Il y a eu un effet bouche à oreille qui m'a propulsée en tête des ventes en l'espace de trois semaines. C'est à ce moment-là que mon éditeur m'a repérée et tout est allé très vite.

Jusqu'à une adaptation au cinéma avec le rachat des droits par The Weinstein Company (ndlr : The Artist ou Le discours d'un roi). D'ailleurs où en est ce projet ?

Nous travaillons sur le projet. C'est en route mais je ne peux pas trop en dire pour le moment. Je suis très heureuse que ce roman soit adapté pour le grand écran mais je  laisse les professionnels de cette activité gérer tout ceci. J'ai totalement confiance en la société de production française qui est à l'origine de ce projet et de la coproduction avec  The Weinstein Company. Je regarde ça comme un enfant un matin de Noël, c'est  complètement dingue.

Est-ce que votre vie a changé depuis 2012 ?
Je savoure chaque jour mais ma vie en soi n'a pas changé. Je suis la même, je vis au même endroit, j'élève mes petits garçons et j'ai mon mari. J'ai juste la chance de pouvoir me consacrer pleinement à ma passion qu'est l'écriture, de rencontrer mes lecteurs et d'essayer de leur offrir tous les ans une nouvelle histoire.

Êtes-vous plus légitime du fait d'avoir été choisie par les lecteurs avant une maison d'édition ?

Non, jamais je ne tiendrai un tel discours. La légitimité s'acquiert en face à face avec soi-même. Je n'ai seulement pas le même parcours que les autres auteurs. Je n'estime pas avoir plus de légitimité que les autres. L'auto-éditiona été mon tremplin, même si je ne la considérais pas comme ça à l'époque puisque c'était plutôt juste un moyen pour que ma petite histoire existe auprès de ma famille, de mes amis, ... Mais je travaille aujourd'hui  avec mon éditeur comme tous les autres auteurs.

Cette année, la Fête du livre propose un « Studio Jeunes Adultes » où seront présents des auteurs découverts, comme vous, par le biais d'Internet. Pensez-vous que le secteur du livre peut évoluer de manière forte avec les nouvelles formes d'écriture numérique et de relations au lecteur ?
L'avenir nous le dira mais c'est un moyen supplémentaire d'accéder à un lectorat. Un auteur fasse connaître ses écrits auprès des lecteurs. Mais il y a aujourd'hui tous les parcours possibles : par internet via des blogs, des vidéos Youtube, des blogs, … beaucoup d'autres auteurs via des maisons d'éditions, d'une manière plus classique.

Dans votre dernier roman, Désolée, je suis attendue, Yaël, l'héroïne est happée par sa vie professionnelle aux dépens de sa vie personnelle. Pourquoi aborder un tel thème ?
J'ai regardé autour de moi et puis je me suis posée la question de la place du travail aujourd'hui et comment on pouvait réussir à mener de front vie professionnelle et vie privée d'une manière équilibrée. J'avais envie de raconter l'histoire de la quête de cet équilibre en partant de l'addiction au travail. C'est très facile de tomber dans cette dernière, on est sur-sollicité, c'est un phénomène de société. L'idée était de montrer que les deux vies pouvaient se nourrir l'une l'autre : lorsque l'on a une vie privée épanouissante, ça nourrit nos « performances » au travail et inversement.


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