Faada Freddy : «La soul m'habite depuis toujours»

Faada Freddy, dandy sénégalais issu du hip hop, a livré un premier album solo "Gospel Journey", condensé de soul bouillonnante et touchante. Rencontre avant son passage au Palais des Spectacles le 11 juin en première partie d'Asaf Avidan. Propos recueillis par Marlène Thomas et Nicolas Bros.


Votre premier album est très pop soul, alors que vous avez fait partie du groupe de rap Daara J Family. Pourquoi avoir fait le choix de se détacher du rap ? Est-ce parce que votre voix sonne plutôt soul ?
Faada Freddy :
Oui effectivement j'étais la voix «soul» du groupe. Ce qui s'est passé c'est que j'ai fait sortir mes influences soul et pop héritées de mon père. Il était enseignant et quand il allait à l'école il laissait les CD et les vinyles d'Otis Redding, Aretha Franklin, Billie Holiday et c'est avec ces disques que j'ai appris à chanter. Donc, pour moi, au départ, la musique était assimilée à la soul. J'ai eu des influences sénégalaises et africaines, cubaines, etc. C'est entouré de ces sonorités diverses que j'ai grandi avant de me mettre au rap avec mon groupe.

D'ailleurs vous aviez déjà enregistré un des titres présents sur votre album solo — Reality — il y a dix ans. C'était donc déjà une incursion inconsciente dans le monde de la soul ?
Effectivement, c'est un style qui m'habite depuis très longtemps, je le faisais de manière spontanée. D'ailleurs cette chanson je ne l'ai pas vraiment écrite, elle est sortie comme si j'étais un canal et qu'il fallait que ça passe par moi. Ce que j'ai écrit c'est juste la dernière partition, mais les deux premiers couplets de Reality sont venues spontanément. La soul m'habite depuis toujours. Je prends toujours autant de plaisir à composer des morceaux soul, à chanter dans la rue, dans le métro...

Vous avez récemment emmené les parisiens dans le métro pour continuer de chanter.
Oui, après le show j'ai proposé à tout le monde de les raccompagner et de continuer le concert dans le métro. Ils ont compris que j'étais sérieux, alors ils m'ont suivi dans le métro. Des voyageurs nous ont rejoint et nous avons ensuite fait une petite randonnée en chanson en déambulant les rue. Ce moment reste un de mes meilleurs souvenirs.

«Il n'y a aucun instrument, tout est à base de percussions corporelles, de beatbox.»

Votre album est entièrement composé autour de percussions corporelles et de voix, il n'y a pas d'instruments. C'est un choix audacieux et inédit.
J'ai toujours eu envie de faire un projet comme celui-là. Je pense que le seul qui m'ait compris et assez fou pour le faire, c'est mon producteur (ndlr : producteur également d'Ayo et d'Imany). Je l'admire beaucoup. Il était conscient que c'était un risque de faire un album sans instruments, mais il y croyait autant que moi. Je me suis laissé aller dans cette aventure formidable en ayant l'impression d'être tous les jours dans un laboratoire en train de chercher des formules afin de créer une musique organique.

Une partie de votre concert sera sans instruments ?

Oui, je serais avec mes musiciens qui sont vocalistes et percussionnistes corporels. Il n'y a aucun instrument, tout est à base de percussions corporelles, de beatbox.

«Je pense qu'une musique n'est bonne que lorsqu'elle est partagée.»

Les reprises se trouvant sur votre album sont issues de répertoires très variés,  de Rise Against The Machine à Sia. Pourquoi une telle diversité ? 
Je pense que toutes les musiques du monde ont un dénominateur commun. Reprendre des artistes que j'aime, c'est une manière de trouver une traduction, la mienne et de les chanter de manière organique afin de les garder les plus simples possible. Je pense qu'une musique n'est bonne que lorsqu'elle est partagée. J'ai souhaité conserver des formules simples avec des percussions corporelles et des voix, pour permettre à des enfants ou des chorales de les reprendre à leur tour. Il y a des partitions de voix où ils pourront choisir ce qui les intéresse dedans. Lors des concerts,  le public peut également s'emparer de ces chansons pour faire les chœurs ou les "leads". Pour moi, tous ces morceaux sont des instruments de partage. 

Faada Freddy, jeudi 1er décembre à 20h30, au Fil


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