« Ni tout à fait la même, ni tout à fait une autre. » Ces vers célèbres du poème de Verlaine Mon rêve familier nous plongent au cœur de la création de Pierre Rigal : Même, sorte de "comédie musicale expérimentale" qui mêle danse, chant, théâtre, parole, musique.
Jouant avec les paradoxes et le doute, la pièce dansée de Pierre Rigal Même nous amène à réfléchir sur l'identité, la transmission, les évidences qui n'en sont pas. Qu'est-ce que "le même" ? "Le même" est impossible. C'est une utopie. "Quand on est la même chose, on est aussi autre chose" explique Pierre Rigal. Son spectacle repose sur ce paradoxe. En chorégraphie, lorsque l'on évoque "le même", on parle du temps. Si on fait la même chose, il faut que ce soit dans un temps identique. Tout le spectacle tourne ainsi autour de ce mot : même. Les neuf interprètes danseurs-comédiens-musiciens aux talents multiples dont certains ne sont pas des danseurs mais des performers, jouant sur la répétition, s'amusent à créer des boucles répétitives.
Ça rit, ça accélère à fond, ça ralentit, ça parle au micro, ça chante, ça s'invective. D'étranges enregistrements tournent en boucle. Mais comme "le même" ne se laisse pas facilement reproduire, ces "élucubrations" parfois ubuesques se répliquent avec une malicieuse inexactitude. À force de duplications erronées, le même peut se transformer en son contraire ou en lui-même. C'est un peu comme le téléphone arabe. Les points de départ peuvent dériver peu à peu vers des points d'arrivée inattendus que l'on ne pouvait même pas imaginer. Du coup, répéter peut être la base de création. Même est une création qui n'est chaque fois "ni tout à fait la même ni tout à fait une autre".
Même de Pierre Rigal, vendredi 10 février à 20h, à l'Opéra de Saint-Étienne