"Et les mistrals gagnants" : Comment ça va avec la douleur ?


Choisir la chanson *préférée des Français* — signée de surcroît par le multi-ressuscité favori des citoyens de l'Hexagone — pour titrer un documentaire consacré à des enfants malades, voilà qui avait de quoi susciter une méfiance légitime. Mais on oublie vite la rengaine pianotée tire-larmes de Renaud (qui n'arrivera qu'à la fin) pour s'attacher au quotidien des jeunes protagonistes suivis par Anne-Dauphine Julliand.

Une réalisatrice ayant le tact — l'élégance, même — de s'effacer pour nous permettre d'entendre avec quelle étonnante lucidité (et maturité) ses petits patients évoquent les affections lourdes pour lesquelles ils sont suivis. Partageant leur spontanéité, leurs mots comme ceux de leurs proches, si elle n'enjolive rien par intérêt dramatique ou cinématographique, elle privilégie la vie au voyeurisme impudique ou au sanglot complaisant. Ce qu'il y a de plein dans un verre valant toujours mieux que le vide.

Cette approche sensible prenant les enfants pour ce qu'ils sont — c'est-à-dire des êtres doués de raison — rappelle un beau documentaire de Denis Gheerbrant, La Vie est immense et pleine de dangers (1995), portant sur un sujet similaire.


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