"Le Concours" : il ne peut en rester que soixante


Héritière de l'Idhec, la Femis représente l'aristocratie des écoles de cinéma et peut se targuer d'avoir formé Emmanuel Mouret, François Ozon, Céline Sciamma, Alice Winocour ou encore Emmanuelle Bercot. Son drastique écrémage à l'entrée est si réputé — 1200 postulant(e)s pour 60 élu(e)s — qu'il a inspiré la cinéaste Claire Simon. Rien d'étonnant, connaissant son appétence pour les portraits de microcosmes, en fiction ou documentaire — que ce soit les cours d'écoles dans Récréations (1992), le planning familial dans Les Bureaux de Dieu (2008) ou le bois de Vincennes pour Le Bois dont les rêves sont faits (2016).

Dans Le Concours, elle suit le processus de sélection, des épreuves de pré-admissibilité à la rentrée des élèves, en témoin muette des examens et des oraux, captant le réel sans jamais intervenir. Au-delà de son léger suspense (qui sera retenu et pourquoi ?), le projet est intéressant de par sa grande transparence, puisque l'on pénètre les coulisses d'une grande institution et l'on assiste à des délibérations — le tabou absolu de la sélection à la française.

Ce film au long cours captivera chaque année tous les nouveaux candidats, qui sauront ainsi à quelle sauce les examinateurs — plus bienveillants qu'on l'imagine — s'apprêtent à les accommoder. En revanche, il risque de perdre en route, faute d'indications basiques (il manque un carton explicatif au début sur les modalités générales), curieux et néophytes. Car ce concours particulier n'est pas “un” concours parmi d'autres ; il a ses spécificités. Titrer les intervenant(e)s eût aussi été apprécié ; non pour le plaisir du name dropping, mais pour rappeler que l'école est bien en phase avec le monde professionnel.


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