Pas touche manouche

Le photographe Jean-Christophe Plat présente son nouveau travail photographique, "Tsiganes l'âme voyageuse", à l'occasion du festival Curieux Voyageurs.


Dans les pas de l'écrivain-voyageur Jack Kerouac, Michel Corringe chantait en 1968 « La route m'appelle et m'attire / A l'est à l'ouest au sud au nord / Ce soir ici j'ai trouvé un lit / Demain je coucherai dehors. » Dans notre monde toujours plus matérialiste, nombreuses sont encore aujourd'hui les raisons de vouloir larguer les amarres pour mettre les voiles vers un ailleurs meilleur ou tout du moins différent. Si le covoiturage, les "bus-à-pas-cher", les vols low-cost et autres Airbnb semblent remettre le voyage à la portée de toutes les bourses, l'honteuse prolifération des murs et la réaffirmation des frontières restreignent le champ des possibles. Pour sa nouvelle édition, le festival stéphanois Curieux Voyageurs (avec quinze mille visiteurs l'an passé) poursuit sa quête d'images fixes ou animées glanées aux quatre coins du globe, lesquelles attestent à la fois du talent de leurs auteurs (qu'ils soient vidéastes, dessinateurs ou photographes) et de la richesse de notre petite planète bleue. Au-delà des documentaires en compétitions, le festival propose également neuf expositions de qualité, réalisées par des globe-trotters dont le seul gouvernail reste la soif de découvertes.

Diaspora

Parmi ces expositions, celle de Jean-Christophe Plat promet de marquer les visiteurs tant par son esthétique (du très beau noir et blanc) que par le caractère profondément humaniste de son propos. C'est en rencontrant dans le massif du Pilat une famille d'origine manouche que le déclic se produit dans la tête du reporter-photographe, point de départ inattendu d'une quête ethno-photographique qui durera deux années. Jean-Christophe Plat va ainsi remonter le cours de l'histoire de cette famille et à travers elle, celle du peuple tsigane tout entier, depuis l'Inde jusqu'en France en passant par les Balkans. Les images témoignent d'une rencontre poignante avec un peuple malmené par l'Histoire, dispersé, bien souvent marginalisé, dont l'âme voyageuse est à la fois une philosophie et un acte de résistance. Au-delà de la musique, de l'univers circassien ou de l'artisanat, on découvre un mode de vie dont le dénuement balance entre rudesse et poésie.

Tsiganes l'âme voyageuse, de Jean-Christophe Plat, au Festival Curieux Voyageurs, du 24 au 26 mars au Centre des Congrès de Saint-Étienne


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