Détroit, ville résiliente

La "Motor City", Détroit, est l'invitée d'honneur de la 10ème Biennale. Un choix logique puisque cette ville, désormais inscrite dans le réseau UNESCO des villes créatives design, se réinvente après les crises successives et est le berceau d'une créativité sans limite.


Détroit, ville résiliente et perservérante. Ville dynamique, s'incrivant dans une nouvelle ère post-industrielle et questionnant sans cesse le futur. Après avoir subi plusieurs vagues de crises économiques depuis les années 60 jusqu'à la faillite en 2013, la principale ville du Michigan a choisi de s'orienter vers l'entrepreneuriat et la créativité pour relever la tête. Résultat, une ville en mutation et des acteurs locaux qui avancent avec fierté et avant-gardisme. Et une cité qui s'inscrit parfaitement dans la thématique générale de la Biennale 2017. « Nous cherchions une ville qui représente vraiment les mutations du travail dans le réseau des villes créatives UNESCO, développe Olivier Peyricot, directeur scientifique de la Biennale Design 2017. L'arrivée de Détroit en décembre 2015 dans le réseau a été tout à fait symbolique. Il nous a semblé intéressant de nous rapprocher des acteurs locaux et de proposer à Détroit d'être la ville invitée d'honneur. »

Entre design et musique

Si Détroit est aujourd'hui inscrite dans le réseau des villes créatives UNESCO, elle le doit principalement à l'activisme de bon nombre de ses acteurs locaux. S'appuyant sur une force privée et volonté de fer, Détroit a toujours été le terreau d'un dynamisme créateur hors pair dans l'art et dans d'autres disciplines. Un peu comme si les difficultés avaient en quelque sorte catalysé la dimension inventive et régénératrice d'activités. La preuve affleurant est depuis longtemps concentrée dans le domaine musical où Détroit figure parmi les villes à l'impact mondial en matière artistique. Tout d'abord par le développement de la musique afro-américaine avec Motown records, célèbre label de musique soul et funk monté à Détroit en 1959 ou l'avènement de la Techno à la fin des années 80 par un trio de Djs composé de Derrick May (qui clôturera la Biennale début avril au Fil), Kevin Saunderson et Juan Atkins. Cette dimension musicale fera exploser les frontières de la reconnaissance de Détroit. Mais Détroit peut aujourd'hui s'appuyer non seulement sur sa renommée musicale mais également sur d'autres activités telles que le design, en ayant le statut d'une ville en perpétuel mouvement.

Expérimenter la ville résiliente

Pour la Biennale, les acteurs locaux du design détroitien ont été approchés afin d'élaborer un programme un peu spécial, à l'image de la Motor City. « Nous sommes allés à la rencontre de nombreux acteurs locaux pour monter un programme où le design se mêle à la musique, ce qui est très spécifique à Détroit. C'est la ville de la musique américaine et donc nous allons avoir beaucoup de concerts une dizaine de groupes qui débarqueront pendant la Biennale, explique Olivier Peyricot. Mais Détroit, c'est aussi la ville des mutations du travail "dures", passant d'une industrialisation automobile hallucinante à l'effrondrement jusqu'à la crise des subprimes et la faillite. C'est quelque chose d'assez impressionnant. Surtout que Détroit correspond en surface à la taille de Los Angeles, San Francisco et Manhattan réunis... Et la ville est passée de 2 millions d'habitants à 700 000 habitants. Mais on ressent là-bas paradoxalement une énergie positive et une capacité de rebond sans pareil. » Pendant la Biennale, outre les concerts tels que celui du Detroit Afrikan Funkestra dirigé par Bryce Detroit, la ville est représentée notamment par trois expositions. Out of site, une carte blanche est laissée au studio Akoaki d'Anya Sirota et Jean-Louis Farges. Ces derniers transportent jusqu'à Saint-Étienne leur travail engagé depuis de nombreux mois avec des musiciens, artistes, agriculteurs urbains et acteurs culturels afin de montrer mais également poursuivre leurs processus radicalement collaboratifs. Footwork du Public Design Trust - DC3 explore les modèles de travail en réseau et leur avenir à travers la métaphore de la danse et du mouvement en rapport avec les systèmes de planification et l'interconnection des organisations et des communautés. Tout cela en s'appuyant sur l'histoire commune à Détroit et Saint-Étienne concernant l'artisanat et l'industrie. Enfin, Shiftspace (Detroit's Café + bureau) est l'espace de travail partagé entre les participants et les visiteurs de la Biennale 2017. Un lieu où se partagent les idées et les pensées, en explorant la manière dont les mondes interconnectés du design, des technologies, de la politique et de l'économie peuvent apporter des résultats profitables à tous.

Out of site, Footwork & Shiftspace (Detroit's Café + bureau), site Cité du design, du 9 mars au 9 avril + Concerts tout au long de la Biennale + Soirées Détroit au Fil avec Black Milk le 09/03 et Derrick May le 0804


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