Dans les pas d'Evora

Du Cap-Vert, vous connaissiez sûrement la "Diva aux pieds nus" (Diva dos pés descalços), Cesaria Evora. Dans le sillage de cette immense chanteuse, plusieurs artistes ont émergé dont Mariana Ramos, née à Dakar mais originaire de l'île.


L'aura de l'irremplaçable Cesaria Evora plane encore et toujours sur les îles du Cap-Vert. Dans son sillon, une nouvelle scène artistique tente de préserver la mémoire musicale du  Petit Pays, là-bas mais aussi un peu partout dans le monde. Mariana Ramos compte parmi les expatriées les plus fidèles aux origines. Née à Dakar, la jeune Mariana rejoindra ses parents venus en France pour travailler, après une douce enfance au pays, élevée par sa grand-mère et bercée par les rythmes de son père, Toy Ramos alias Toy de Bibia, guitariste du groupe Voz de Cabo Verde. Adulte et française d'adoption, elle découvrira Nougaro, Jonasz, mais aussi Ella Fitzgerald et Rickie Lee Jones, se produisant parfois avec son père mais aussi chantant et dansant dans un groupe de rock, avant d'opérer un retour aux sources en rencontrant notamment l'un des compositeurs de Césaria Evora, Téofilo Chantre. La chanteuse (re)trouve alors enfin son chemin, une voie toute tracée qu'elle a failli perdre en route à force de dispertion. Suivront, à partir de l'année 2000, cinq albums.

Saudade intranquille

Depuis sa sortie en 2015, la chanteuse n'en finit pas de surfer sur le succès de sa cinquième galette, Quinta, treize titres énergiques et sensuels à la fois, réalisés avec le fleuron des musiciens et compositeurs capverdiens. En portugais (beaucoup), en anglais (un peu) et en français (c'est la vie c'est l'amour), elle chante les espoirs et les déboires de son peuple originel, évoque l'exil ou la diversité des sentiments dans une saudade intranquille qui se décline entre morna (équivalent du fado portugais), coladeira et mazurka, batuque (polyrythmie de l'île de Santiago) et autres sambas évoquant le carnaval de Sao Vicente (qui selon la diva demeure l'une des plus belles îles de son archipel natal). Mariana Ramos ne révolutionne pas la musique traditionnelle capverdienne, elle lui rend plutôt un bel hommage en y ajoutant un assaisonnement très personnel, prolongeant à sa manière le rayonnement culturel du Cap-Vert par le prisme multiculturel de son propre métissage.

Mariana Ramos, samedi 8 avril à 20h30, Le Sou à La Talaudière


<< article précédent
À bout de souffle