Danse avec les pixels


Mourad Merzouki, c'est une signature forte que l'on reconnaît d'emblée sur scène : celle d'un hip hop généreux et parfaitement maîtrisé renforcé par des apports variés – notamment la danse contemporaine et les arts du cirque. Son nouveau spectacle Pixel ne déroge donc pas à la règle, et la suit même parfaitement. Mais la grande réussite de cette aventure, et plus largement de la plupart des précédentes, vient des mariages que le chorégraphe invente : récemment avec la musique classique du Quatuor Debussy (Boxe boxe), avec des danseurs cariocas (Käfig Brasil) ou encore avec les prodiges des arts numériques que sont Adrien Mondot et Claire Bardainne pour ce fameux Pixel.

Un spectacle créé à six mains d'une grande fluidité où aucun des deux arts a priori éloignés ne dévore l'autre, chacun sortant renforcé par ce contact. Sur scène, les (excellents) danseurs jouent ainsi avec les formes abstraites qui envahissent le sol ou les murs, plongent en elles, les envoient valser. Fascinant.

Pour la beauté du geste

Adrien Mondot : un nom connu notamment à Grenoble, cet ancien informaticien devenu artiste à temps plein ayant été en résidence à l'Hexagone de Meylan entre 2009 et 2011. Des années durant lesquelles il a livré plusieurs propositions marquantes, dont Cinématique où il avait habillé le plateau nu de mille formes digitales qui interagissaient avec son corps. De « l'art cinétique » selon ses propres mots.

Ceux qui connaissent son univers (et celui de Claire Bardainne, qui l'a rejoint en fin de résidence pour former un duo) ne seront pas surpris. « Il s'agit des matières de nos précédents spectacles revisitées par la danse hip hop » nous a-t-il expliqué. Les néophytes auront quant à eux la chance de découvrir un monde fascinant où les émotions affleurent avec simplement une ligne, une courbe, ou encore un point ; toutes ces formes immatérielles laissant libre cours à l'imagination des spectateurs qui peuvent y voir ce qu'ils veulent – de la neige, des bulles de champagne, le sol d'un jeu vidéo… C'est un peu con à dire – ou plutôt à écrire – mais oui, c'est beau. Très beau même.

Pixel, vendredi 12 mai à 20h, à l'Opéra de Saint-Étienne


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NGC 1275, galaxie très active