Evoluer pour accepter l'autre

Le festival DesArts//DesCinés qui a acquis ses lettres de noblesse, vient mettre toute la ville en liesse. La cuvée 2017, particulièrement riche, en phase avec l'actualité, aborde le thème des mutations et des migrations sous différents angles. Vitalité, diversité, convivialité sont quelques-unes des marques distinctives de cette 7e édition.


Si l'on souscrit à la théorie actuellement dominante d'une origine africaine de l'homme, à part les Africains, nous sommes tous des migrants. L'émigration, hors d'Afrique, commencée avec l'homo erectus, fait partie de la condition humaine. C'est dire qu'en explorant ce thème des mutations-migrations, le festival DesArts//DesCinés aborde, à travers les prismes croisés de la danse, du cinéma, de la photo, un sujet clé de notre société.

Mutations intérieures et migrations

Riche en projections, spectacles, photos, la 7e édition de cet événement alimente notre réflexion et constitue un prodigieux vecteur d'énergie pour s'engager dans l'action. La journée du 17 mai autour du film culte West Side Story est un exemple à la fois de mutations intérieures et de migrations. Tous les personnages sont des migrants. Les Jets sont d'origine polonaise, irlandaise, italienne. Les Sharks viennent de Porto Rico. Anita et Maria qui, amoureuse de Tony, évolue contre sa famille et sa culture, sont des exemples de mutations intérieures. Le rapprochement final entre les deux familles est aussi un exemple de mutation. Le film d'Ettore Scola, Le bal, projeté en 35 mm le 20 mai, à la soirée de clôture du festival lors d'un ciné-bal au coeur de la mairie, montre l'évolution des gens à travers le temps. Les personnages se retrouvent dans le même dancing pendant 80 ans et on assiste à leur évolution et aux mutations politiques et sociales à travers les yeux des danseurs de salon. Mutations intérieures, mutations dans le temps, mais aussi mutations des lieux avec le Puits Couriot qui, lieu chargé d'histoire, devient un lieu de spectacle qui entoure d'un halo particulier les artistes qui s'y produisent. Tel Jean-Camille Goimard qui, le 18 mai, propose L'ivresse d'une approche, une performance pluridisciplinaire alliant danse, photographie argentique et vidéo, le tout accompagné de musique live. Cet artiste atypique, adepte des sports extrêmes, filme et chorégraphie l'homme dans son environnement naturel. C'est également dans ce lieu emblématique que se déroulera le 19 mai, avec Jelena Kostic, chorégraphe serbe, une soirée "Mutations sociales : Femmes et pouvoir", re-création de La téméraire, la coincée, la fragile repensée pour la salle des pendus qui donne au spectacle une tonalité tout à fait particulière.

Un événement participatif, créatif, festif

Avec toutes ces créations, c'est toute la ville qui est investie et toute la population invitée à participer pleinement à cette grande fête conviviale, populaire et pleine d'une créativité vivifiante. Sainté bouge ! Le festival a mobilisé 14 jeunes autour d'une performance dansée coordonnée par la chorégraphe Adeline Lefièvre et faisant l'objet d'un court-métrage dansé. Pas moins de trente commerçants et artisans des Arcades et du centre-ville ont décidé eux aussi de participer en offrant leurs vitrines pour la projection de courts métrages dansés de la 3e Compétition Vidéodanse internationale sur le thème des migrations. L'équipe de Stéla s'est engagée depuis longtemps dans un travail approfondi autour des personnes souffrant de handicap de quelque nature qu'il soit. Adeline Lefièvre, décidément omniprésente, s'est plus particulièrement penchée sur la L.S.F (langue des signes française). Grâce à sa formation approfondie, la L.S.F. pourra être intégrée dans la chorégraphie du flashmob Sainté Side Story pour célébrer les 55 ans de la sortie de West Side Story en France. Une volonté claire d'ouverture qui régit l'orientation depuis ses débuts d'un festival unique en son genre, mené de mains de maître par Anna Alexandre, son instigatrice.

Festival Des Arts//Des Cinés, du 14 au 20 mai, dans divers lieux de Saint-Étienne


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