Septembre : Voilà, voilà qu'ça r'commence !

Plus tout à fait l'été et pas encore l'hiver, septembre annonce une rentrée que l'on aborde toujours — ne nous voilons pas la face — un pied dedans, un pied dehors. Bref, c'est le mois des écoliers, des indécis et des entre-deux. Sans surprise, on le retrouve à l'écran.


La cloche a sonné la fin de la récré ensoleillée, retour à la case projo. Et pour que le public se sente en phase avec la foule reprenant le chemin des salles de classe, les distributeurs ont l'idée pléonastique de programmer des films parlant d'école. Restons donc dans cette actualité de marronnier avec Les Grands Esprits premier long métrage d'Olivier Ayache-Vidal (13 septembre), où un agrégé de lettres élitiste et sentencieux exerçant dans un lycée prestigieux — naturellement joué par Denis Podalydès — se trouve victime de sa forfanterie et muté pour un an dans un collège difficile de banlieue. Remix entre Le plus beau métier du monde, L'École pour tous et Entre les murs, cette comédie ne peut décemment pas revendiquer l'originalité ; aimable, elle reste bien naïve dans sa vision des choses : dans la vraie vie, ça finit rarement aussi bien.

Alexandre Mourot s'est quant à lui intéressé à la pédagogie scolaire développée par Maria Montessori. Dans Le Maître et l'enfant (27 septembre) il suit durant une année une classe adhérant à ce cursus alternatif, où les encadrants laissent la place à la spontanéité de chaque élève, bannissent le dirigisme, encouragent les approches expérimentales et l'entraide. Scandé par d'extraits de textes théoriques de la pédagogue italienne lus par Anny Duperey, ce film qui livre une image idyllique de la “méthode” tient davantage de la réclame que du documentaire impartial — puisque grandement financé par les écoles et leurs apôtres. Et si ce qu'il montre semble positif sur les enfants, ce qu'il tait (ou ce qu'il omet de préciser) est problématique : payantes, privées, hors contrat avec l'Éducation nationale, les Montessori ne sont pas des parangons de mixité sociale. Ces oublis, inconscients ou non, lui confèrent une objectivité de propagandiste. Et rendent douteux tout son message. Dommage.

Conseil d'orientation

La valse-hésitation est aussi l'affiche. Chez Mathieu Amalric, elle prend la forme d'un collage-hommage à Barbara (6 septembre) exercice de style un peu vain et pas abouti mélangeant images d'archives et Jeanne Balibar faisant semblant d'être la chanteuse et s'y croyant. On peut tout justifier au nom de la poésie, les fantasmes personnels comme les ratages. Dans Le Chemin (même date), Jeanne Labrune mène une Agathe Bonitzer apprentie bonne sœur au Cambodge où elle trouvera une voie éloignée de sa quête spirituelle initiale. Un film plus intérieur et moins léger qu'à l'accoutumée pour la cinéaste, qui trahit un besoin profond de recueillement et de recentrage. Il en aurait fallu à Claire Denis pour Un beau soleil intérieur (27 septembre) qui se contente de filmer Juliette Binoche dans tous ses états (une aubaine), chopant forcément des instants magiques de vérité au milieu d'un océan de rien. Le pompon revient au face-à-face final avec Depardieu en médium : pas un plan avec les deux comédiens ensemble — guère étonnant, après ce que Gérard a déversé sur Juliette. On se rabattra sur la tendre histoire de paternité-filiation tardive développée par Carine Tardieu dans Ôtez-moi d'un doute (6 septembre), passé par la Quinzaine des Réalisateurs : François Damiens, Cécile de France, André Wilms et Guy Marchand y sont attachants. Et pour se fouetter un peu le moral, Home de Fien Troch (13 septembre), histoire flamande d'un ado bagarreur en réinsertion chez sa tante, et qui se trouve mêlé à un matricide. Une crudité hanekenienne, des tensions morales extrêmes… glaçant, mais prenant.

Les maternelles

Terminons avec le jeune public. Si l'on peut passer le bizarroïde Mr Chat et les Shammies (20 septembre) de Edmunds Jansons, mélange improbable d'un chat incrusté sur fond moche avec des marionnettes en tissu effrayantes, on recommande plutôt Des trésors plein ma poche, assemblage de films courts réunis par Folimage (27 septembre), qui vaut pour sa grande diversité de styles graphiques, et surtout À la découverte du monde (6 septembre). Visible dès 3 ans, celui-ci recèle notamment une adaptation du classique de littérature enfantine Je suis perdu et se clôt par le court donnant son titre au programme, une petite merveille métaphorique expliquant aux enfants que grandir consiste à apprendre à dompter sa peur du monde extérieur. Eh oui : il faut sortir. Ne serait-ce que pour entrer au cinéma…


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Adriana 42