"Mise à mort du cerf sacré" : Brame et Châtiment

de Yórgos Lánthimos (Gr.-G.-B., 2h01, int.-12 ans avec avert.) avec Nicole Kidman, Colin Farrell, Barry Keoghan…


Steven forme avec Anne un couple huppé de médecins, parents de deux enfants éclatants de bonheur et de santé. Jusqu'à ce que Martin, un ado orphelin de père dont Steven s'est bizarrement entiché, ne vienne jeter l'anathème sur leur vie en imposant un odieux chantage…

Cannes 2017, ou l'édition des épigones : pendant que Östlund lorgnait du côté de Haneke avec The Square, Lánthimos jetait d'obliques regards en direction de Lars von Trier avec cette tragédie talionnesque et grandiloquente, où un pécheur — en l'occurrence un médecin coupable d'avoir tué un patient par négligence —  se voit condamné à subir une punition à la mesure de sa faute. Mais quand Lars von Trier cherche à soumettre ses personnages à une épreuve, son confrère semble davantage enclin à éprouver son public en usant de basse provocation.

Lánthimos aime en effet donner dans le sacrificiel symbolique, ne rechignant pas au passage à un peu d'obscénité putassière : Martin se livre donc ici à une imprécation liminaire, annonçant l'agonie des enfants, afin qu'on “savoure” le plus longtemps possible leur mystérieuse souffrance. Et en se retranchant derrière le fantastique, donc le genre, il satisfait un goût malsain pour le dolorisme comme la barbarie, filmant des actes de torture avec une complaisance suspecte. Intellectuellement perverse, faussement audacieuse, esthétiquement froide, l'éthique est la grande absente de cette pseudo dénonciation de la caste des dominants… farcie de stars.


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