Treize enthousiasmant

Contre mauvaise fortune — entendez “coupe brutale de la subvention régionale”—, le festival stéphanois fait belle programmation pour sa 13e édition en alignant des films primés un peu partout dans le monde et qui, au passage, croisent les questions LGBT.


Comme un élégant pied-de-nez aux élu·e·s d'Auvergne Rhône-Alpes ayant jugé la manifestation indigne de recevoir leur obole, Face à Face affiche cette année une sélection plus qualitative que jamais, prouvant sa haute exigence — et son absence de communautarisme. S'il fallait encore le prouver à quelques esprits étriqués, le choix d'une thématique LGBT, s'il est politique et social, ne présage pas de la valeur artistique des œuvres projetées. Laquelle est peu discutable cette année. 

Tout contre Face à Face

C'est en effet à un pluri-récidiviste des palmarès qu'échoit l'honneur d'ouvrir les réjouissances, Seule la terre de Francis Lee, salué d'un prix du meilleur film dramatique à Sundance et du Hitchcock d'Or de Dinard, cette romance entre travailleurs agricoles en Grande-Bretagne est aussi passée par la Berlinale. La clôture se fera avec le Queer Lion de Venise — une pépite islandaise — le très beau Heartstone, de Gudmundur Arnar Gudmundsson, portrait de groupe d'adolescents au moment de l'affirmation de soi et de sa sexualité dans un contexte de rudesse généralisée (climat, famille, mœurs). La justesse de ses jeunes comédiens et sa sensibilité n'ont d'égale que la splendeur de sa photographie. On attend énormément des Garçons sauvages de l'insaisissable Bertrand Mandico, promesse de bizarreries et d'esthétique, ainsi que la venue de l'une de ses comédiennes Mathilde Warnier — si vous nous lisez Vimala Pons, accompagnez-les ; vous serez toujours la bienvenue… 

Après le succès de 120 battements par minute, on reverra avec une curiosité teintée de mélancolie, la comédie musicale culottée Zero Patience (1993) de John Greyson qui usait de la légèreté du désespoir pour raconter les débuts du sida et la stigmatisation dont les malades étaient l'objet. Avant-première (They de Anahita Ghazvinizadeh), inédit (Awol de Deb Shoval) et sortie nationale (Marvin de Anne Fontaine, d'après Pour en finir avec Eddy Bellegueule) figurent aussi au générique de ce millésime 2017, tout comme la 6e Nuit du Court, florilège mondial de la production court-métragiste LGBT. Loin d'être exhaustif, ce tour d'horizon n'omet qu'un détail que les habitué·e·s connaissent bien : la dimension festive de Face à Face. Qu'on se rassure : afters, buffets et concert sont toujours au programme. 

13e Face à Face, du 21 au 26 novembre, projections aux Méliès Jean-Jaurès et Saint-François, à la Cinémathèque de Saint-Étienne.


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Matches nuls, balles au centre