Harold Madiou, roi de la galette

Il fait partie des deux derniers disquaires indépendants stéphanois. Harold Madiou est l'« épicier fin » musical chez Forum à Saint-Étienne, mais pas seulement. Portrait d'un amoureux des bonnes galettes.


Ayant grandi à Rennes, Harold Madiou possède, comme tout bon Breton qui se respecte, un amour indéfectible pour la galette bien faite. Mais nous ne parlons pas là de la galette saucisse bien connue des échoppes rennaises, mais plutôt son pendant musical, avec une préférence pour la forme vinyle. Disquaire incontournable du magasin Forum à Saint-Étienne, Harold est un amoureux fondamental de la musique, possédant également de nombreuses occupations diverses hors de ses heures de boulot. Graphiste sous le nom de Bandit,  membre fondateur de l'association d'amateurs de disques vinyles Les Bugnes, ex-basketteur amateur (15 ans sous les paniers), voyageur invétéré, blogueur ultra-prolifique (dont l'incontournable Myringa)... Harold aime porter de nombreuses casquettes. C'est d'ailleurs le chef orné d'une magnifique gâpette à l'effigie de son dernier projet en date, le Mandale Dj Club (réunions de Djs aux mixes rock), qu'il nous attend de pied ferme pour aborder ses expériences l'ayant mené jusqu'à la rue Michel Rondet.

Tombé très tôt dans le bac à disques

Né à Caen en 1977, Harold Geoffroy Olivier Madiou, de son nom complet, passe sa tendre enfance à suivre ses parents à travers la France, s'installant successivement à Villiers-le-Bel, en banlieue parisienne,  puis à Metz. Mais c'est à Rennes qu'il profite de ses jeunes années. Arrivé dans la capitale bretonne à 9 ans, il passe de belles années où petit à petit il se forge une solide culture musicale. « L'endroit où j'ai le plus vécu, c'est la Bretagne, explique-t-il d'entrée. C'est à Rennes que j'ai découvert la musique et où je me suis construit ma culture musicale. Toutes mes années lycéennes et étudiantes se sont déroulées là-bas. J'ai fréquenté les disquaires, les salles de concerts, les Transmusicales qui est le seul festival en France avec un vrai programme de découvertes, ... J'ai baigné dans ce fameux mythe de "Rennes, ville rock", avec cette effervescence culturelle extraordinaire. C'est un peu parce que j'ai vécu à Rennes que je suis devenu disquaire. Là-bas, les gens sont curieux et vont voir facilement des groupes qu'ils ne connaissent pas forcément. On fait confiance à la programmation des salles de concert. » Aiguisant sa curiosité sur les rives de la Vilaine, Harold « zone » en parallèle sur les bancs de la fac, en suivant sans grande conviction un DEUG de Langues Étrangères Appliquées. Il mettra 4 ans à obtenir son diplôme puis entrera un peu par hasard dans un magasin de bricolage en tant que vendeur. Une expérience pas totalement décevante pour lui qui n'avait pas la bosse du commerce a priori. « Vendre pour vendre ne m'intéresse pas, assure-t-il. Mais je me suis rendu compte que le contact avec les clients était sympa et je me suis dit que ce serait bien de faire ce métier dans un domaine qui m'attire. »

Diplôme de disquaire avec mention

Une fois son année de vente d'outillage terminée, un enchaînement d'événements l'emmène à suivre en 2000 un diplôme étonnant de disquaire. « Il y a eu une campagne de recrutement à la Fnac de Rennes et j'avais déposé un CV un peu à l'arrache. On m'a appelé pour un poste de disquaire qui se libérait et entre temps j'avais découvert l'Institut Technologique Européen des Métiers de la Musique au Mans qui proposait une formation de disquaire. J'ai passé des tests et j'ai été pris. Du coup, j'ai suivi les cours et j'ai effectué mes stages à la Fnac de Rennes et chez Rennes Musique, disquaire indépendant, pendant une année. Une expérience unique. » Côtoyant d'autres passionnés sur les bancs de l'école, Harold peaufine sa culture musicale dans de nombreux styles. Il a trouvé sa voie et n'en changera pas. « Au début, tu commençais par le rayon « compilations et CD 2 titres » puis tu évoluais en devenant responsable d'un rayon. » Il poursuit son métier à Rennes jusqu'en 2004 avant de déménager à Lorient afin d'intégrer l'équipe disques pour l'ouverture d'une toute nouvelle Fnac. « Toutes ces années à Rennes ou à Lorient, je les ai passées aux côtés de spécialistes du disques à Rennes Musiques ou dans les Fnac, à une époque où les recrutements pointus étaient encore d'actualité. »

Adopté par Sainté

Bien installé à Lorient, il quitte pourtant le Morbihan pour suivre son amour de l'époque dans un coin de la France qu'il ne connaît pas : Saint-Étienne. Là, il parvient à dégoter un premier poste à l'Espace Culturel Leclerc de Firminy, puis au bout de 6 mois, intègre l'enseigne Forum. « J'ai postulé pour remplacer l'ancien disquaire avant que le magasin ne publie une offre d'emploi et j'ai été pris. C'était un peu inespéré à l'époque de trouver un boulot de disquaire, explique-t-il sourire aux lèvres. J'ai vraiment eu de la chance en ayant démissionné à 2 reprises en 6 mois de retrouver un poste à chaque fois... » Si, à l'époque, le marché du disque était vacillant, depuis 5/6 ans le renouveau de l'intérêt pour le disque et notamment le vinyle a transformé le métier et lui a redonné des couleurs. « L'essence de mon métier, c'est de gérer une épicerie fine musicale, d'avoir un grand nombre de références à proposer. Je commande très souvent un seul exemplaire. Le plaisir étant d'amener les clients à découvrir de nouvelles choses et de soutenir les artistes dans leur travail. » Avec un rapport à l'objet assez fort, appréciant écouter ses disques persos sur une platine "vintage", Harold n'est pas pour autant un fétichiste et sait la puissance d'Internet. « Si tu t'en sers bien,  Internet te permet de découvrir des choses et de te faire une belle culture musicale. Mais avec le vinyle, tu prends davantage de temps, tu écoutes mieux la musique. Je compare le retour en force du vinyle à la bouffe : on a envie de bien manger, de choisir ses produits. En musique, il est important de choisir la bonne galette... » Dont acte !


Harold Madiou en quelques dates :


Quelques conseils d'Harold :


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