"Gaspard va au mariage" : Ménagerie et ménages

de Antony Cordier (Fr., 1h43) avec Marina Foïs, Félix Moati, Guillaume Gouix…


En route pour le mariage de son père, Gaspard offre à l'excentrique Laura rencontrée dans le train de jouer à la compagne-alibi, contre rémunération mais en tout bien tout honneur. Proposition étrange, à la mesure de la famille du jeune homme, qui tient un zoo baroque en déroute…

Intéressé depuis toujours par des figures de “transgressions douces” — libertinage adolescent dans Douches froides puis entre adultes dans Happy Few , Antony Cordier voit plus grand avec cette parentèle gentiment branque, au sein d'un film dont la tonalité (ainsi que le chapitrage) évoquent la folie tendre de Wes Anderson, époque Famille Tenenbaum. Un autre tenant de la comédie contemporaine américaine arty décalée bénéficie au passage d'un hommage explicite : Noah Baumbach, le réalisateur de Margot va au mariage (2007).

Mais à l'absurdité romantique des situations dans un zoo artisanal, au gothique des ambiances truffées d'apparitions animales ; au saugrenu de certains personnages (la petite sœur de Gaspard, sauvageonne façon Peau d'Âne vêtue d'une peau d'ours), Cordier ajoute une dimension typiquement française : un fond réaliste avec des enjeux sociaux replaçant chacun des protagonistes les pieds sur terre. Derrière un folklore de façade se cachent des blessures d'enfance mal cicatrisées et un drame économique bien réel, donnant lieu à des prises de bec familiales à la Sautet. Le conte de fées un temps pressenti semble alors tourner au conte défait… avant de se refaire.

Doté d'une distribution homogène — sans doute parce qu'elle réunit une “famille de cinéma”— Gaspard va au mariage intègre avec bonheur la nouvelle venue Laetitia Dosch, qui s'y montre plus convaincante que dans Jeune femme. 


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