Mathieu Schalk, l'inimitable

Des hauteurs du Pilat aux studios parisiens, d'ACTIV Radio à Canal+, Mathieu Schalk a déjà fait un sacré bout de chemin. Comédien et imitateur tous azimuts, l'enfant du pays revient sur son parcours à l'occasion de son passage au Festival des Arts Burlesques.


Il imite aujourd'hui près de cent voix d'artistes, de personnalités politiques ou de sportifs pour la télé, la radio ou le web. Pourtant, le parcours de ce caméléon n'a pas été un long fleuve tranquille... Mathieu a passé son enfance et le début de son adolescence sur les hauteurs du Pilat, à Saint-Genest-Malifaux. Il n'est alors qu'un gamin plutôt réservé, voire timide. Vers l'âge de dix ans, il s'amuse à faire quelques imitations, sans plus. Après l'école primaire et le collège, il descend à Saint-Étienne. « J'ai fait mon lycée à Honoré d'Urfé, j'ai commencé à me décoincer, à me révéler. Quand il s'agissait de faire le con, j'étais là ! » Dans la famille Schalk, aucun artiste. Néanmoins l'ado pressent quelque chose, il ne rate pas un rendez-vous avec les Guignols de l'Info« En voyant le regard d'enfant dans les yeux de mes parents devant Mister Bean, je me disais qu'il est sans doute possible de rester un enfant même dans le monde des adultes. » Et c'est en observant Laurent Gerra sur scène que l'envie de devenir imitateur apparait au jeune homme comme une évidence. Mais le principe de réalité s'imposant, Mathieu se dirige sagement vers un BTS banque, sans grande conviction. « Au bout de quelques stages, j'ai vite ressenti le caractère austère du milieu bancaire. Je sentais bien que ça ne me correspondait pas. »

Paname

À vingt ans, Mathieu fait donc LE pas décisif de monter à la capitale dans l'espoir d'y faire sa place mais avant tout de se former. Nous sommes alors en 2004. Il suivra deux années de cours de comédie avec Oscar Sisto. « J'ai ensuite commencé à écrire des sketches pour développer mon premier one man show mais ce n'est qu'à partir de 2008 que j'ai commencé à me produire sur des plateaux d'humoristes. » Mathieu trouve peu à peu son style et peaufine la recette de son stand-up. En trois ans l'humoriste écrit trois spectacles. Après Premiers Symptômes en 2009, suivront Work Hard Have Fun, portant un regard décalé sur le monde cruellement drôle du travail, puis l'année suivante,  Parodisiaque, un spectacle laissant plus de place à la musique. « Ces trois créations m'ont permis de faire un peu de bruit autour de moi, j'ai été régulièrement programmé au cabaret La Main au Panier, avec pour la première fois un statut d'intermittent. J'ai aussi décroché plusieurs participations à l'émission de Michel Field, Rendez-Vous à l'Hôtel, sur Europe 1. » En 2010, Mathieu remporte le tremplin Nouveaux Talents lors du Festival des Arts Burlesques dans sa ville natale. « Passer après Roumanoff et Alévêque, c'est le genre de rayon de soleil qui tombe à pic quand tu débutes et que tu traverses des moments de doute. »

De la bande FM aux Guignols

Parallèlement au one-man-show, Mathieu multiplie les expériences radiophoniques, terrain de jeu idéal pour les imitateurs. Il rejoint Radio Campus Paris en 2012 pour une saison entière. En 2013, il passe brillamment un casting pour France Inter. Mathieu fera des voix dans les chroniques de Daniel Morin puis aux côtés de Frédéric Lopez. Il débarque en 2014 sur la radio ligérienne Activ Radio pour une chronique hebdomadaire qu'il tiendra jusqu'à l'été 2016. « J'ai vécu avec Activ une belle aventure de deux ans. C'était un peu compliqué de faire chaque fois trois heures de TGV dans un sens puis trois heures dans l'autre sens pour une émission ! » En 2015, il intègre l'équipe des Guignols sur Canal+. « J'étais comme un dingue de me retrouver à côté de Sandrine Alexi et surtout d'Yves Lecoq, moi qui je rejouais ses personnages à la récré ! » Mathieu trouve ses marques, on lui commande de nouvelles imitations : Kev Adams, Michel Cymes, Cyril Hanouna, Cristiano Ronaldo, Karim Benzema, Emmanuel Macron, Brad Pitt ou Michel Houellebecq. « L'imitation sur commande n'est pas toujours facile, si certaines voix s'attrapent facilement, d'autres demandent pas mal de travail. Il faut aussi respecter le texte des auteurs. Mais je crois que j'aime ce stress-là ! » Alessandra Sublet lui fera une place, deux fois par semaine, dans son émission La cour des grands sur Europe 1. « C'était chouette mais ça n'a pas duré car c'était un peu compliqué pour la radio de garder deux imitateurs en même temps. Ils ont préféré garder Nicolas Canteloup, c'est comme ça... »
 

« Il ne faut surtout rien lâcher, savoir être patient et continuer de croire à son rêve car rien n'est jamais facile. »

Mathieu avoue que le fait de travailler pour les Guignols lui a octroyé une certaine reconnaissance et ouvert quelques portes. Il joue un mardi sur deux au Théâtre du gymnase pour le Process Comedy, un concept plutôt original mêlant humour et coaching. En 2017, l'imitateur s'est lancé sur les réseaux sociaux dans l'aventure des Détrakés et assure les voix masculines des Minikeums sur France 4. « Je fais aussi régulièrement des voix pour l'émission On n'est pas couché de Laurent Ruquier sur France 2. » Comblé par le fait de vivre aujourd'hui enfin certains de ses rêves de gosse, Mathieu se souvient aussi qu'il a connu quelques années de galère. « Je suis arrivé à Paris en 2004 et c'est seulement en 2012 que j'ai commencé à vivre de mes imitations. » Pendant ses deux années avec Oscar Sisto, il a fallu enchaîner quelques jobs alimentaires, vendre des burgers ou des articles de sport. Les débuts sur scène furent tout autant laborieux, assurer des premières parties, accepter de se produire dans des fêtes patronales, entre un défilé de chars fleuris et une paella géante. « Il ne faut surtout rien lâcher, savoir être patient et continuer de croire à son rêve car rien n'est jamais facile. » Et comme souvent, ce sont des rencontres qui changent le destin. C'est fin 2007 que Mathieu croise la route de Sanaka, humoriste également d'origine ligérienne. « On est devenus les meilleurs amis du monde et depuis dix ans nous travaillons beaucoup ensemble. » Mathieu évoque aussi sa précieuse rencontre avec Bruno Gaccio, avec qui il se verrait bien travailler. « Bruno fait partie des personnes qui ont porté les Guignols à leur apogée, il reste donc pour moi une vraie référence. C'est un homme très touchant, très cultivé, un auteur de génie que je respecte infiniment. »

Home studio

Les semaines de Mathieu se suivent sans se ressembler. « Il y a des périodes où je ne touche plus terre car tout tombe en même temps. Par exemple, pour les Minikeums nous regroupons beaucoup d'enregistrements, un peu à la manière des jeux télé. » Lors des périodes plus calmes, Mathieu prend le temps de travailler sur des projets plus personnels, dont une nouvelle version de son one man show. Chez lui il s'est installé une cabine, un home studio dans lequel il fait des voix pour des publicités à la demande de diverses marques. Le comédien ne se reconnait pas vraiment dans telle ou telle famille d'humoristes. « Je me sens à la croisée de plusieurs influences, je fais les choses à ma manière. Mes grandes références restent Coluche, Laurent Gerra ou encore Dieudonné avant qu'il ne dérape. » Depuis son premier spectacle et jusqu'au dernier en date,  Délit d'imiter, Mathieu tente de renouveler le genre en sélectionnant des voix peu imitées (Julien Doré, Philippe Katerine, Stéphane Guillon, Bénabar, Delerm, Philippe Manœuvre, Benoît  Poelvoorde...), proposant aussi des angles nouveaux, mixant des personnages hybrides tels Claude François Hollande ou Eddy Mitchell Drucker. « Je ne m'interdis pas grand chose, seulement ce que je ne trouve pas drôle ! Les imitateurs ont l'avantage de pouvoir se cacher derrière le masque du personnage qu'ils font parler à leur place. Je peux sans doute dire plus de choses avec une voix qui n'est pas la mienne. » Aux côtés de Sanaka, David Azencot et Quentin Jaffrès, Mathieu Schalk ouvrira le quinzième Festival des Arts Burlesques lors de la nuit des Stéphanois, le 15 février à la salle Jeanne d'Arc. 

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Repères :

1983 naît à Saint-Étienne
2004 débarque à Paris dans les cours d'Oscar Sisto
2007 rencontre l'humoriste Sanaka
2009 spectacle Premiers Symptômes
2010 spectacle Work Hard Have Fun
2011 spectacle Parodisiaque
2012 entre au cabaret La Main au Panier
2013 intègre l'émission Tout Près De Vous sur Radio Campus
2014 débute ses chroniques hebdomadaires sur Activ Radio
2015 spectacle Délit d'imiter, rejoint l'équipe des Guignols sur Canal+
2016 intègre la team du Process Comedy
2017 lance les Détrakés sur les réseaux sociaux et devient l'imitateur des voix masculines des Minikeums sur France 4


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