"Luna" : Frime et châtiment

de Elsa Diringer (Fr., 1h33) Avec Laëtitia Clément, Rod Paradot, Lyna Khoudri…


Encore un peu ado, Luna est accro à Ruben, le beau gosse du groupe. Un soir de beuverie entre potes, elle incite la bande à humilier un type de leur âge, Alex. Lorsque celui-ci débarque dans l'exploitation agricole où elle travaille, sans la reconnaître, elle panique. Puis s'attache à lui…

Il est des adéquations naturelles dont l'évidence éclate à l'œil. Telle celle entre Elsa Diringer et sa découverte, la débutante Laëtitia Clément, solaire en dépit du nom de son personnage. Sans l'une ni l'autre, Luna n'aura pas été cet instantané vif et cru d'une jeunesse méridionale traînant ses incertitudes dans les antichambres de la ville, de la vie d'adulte, des responsabilités.

Le fait que les deux aient encore un pied, voire un pied et demi dans “le plus bel âge” explique sans doute l'acuité du regard, dépourvu de cynisme ou de désabusement. Pas de contrefaçon non plus dans le langage, les comportement, qui participent d'une revendication sociale, temporelle et géographique. À l'intérieur de ce cadre restreint, Luna va suivre une trajectoire “dardennienne” à la fois initiatique et de rédemption, passant de petite “cagole” inconséquente soumise au clan à jeune femme maîtresse de ses décisions comme de ses sentiments. 

Illuminé par une photo superbe, cette émancipation singulière donne foi en la cinéaste. Au point qu'on lui pardonne sa fin un peu surdialoguée. Un péché de jeunesse, dirons-nous.


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"Kings" : Los Angeles, 1992