"Nobody's Watching" : Paumé dans la Grosse Pomme

de Julia Solomonoff (Arg.-Col.-Br.-É.-U.-Fr., 1h41) avec Guillermo Pfening, Elena Roger, Rafael Ferro…


Comédien dans une série télé, Nico a plaqué l'Argentine du jour au lendemain pour tenter de percer à New York. Et ainsi s'éloigner d'une relation amoureuse toxique avec son producteur. Mais aujourd'hui, créchant à droite et à gauche, il galère en accumulant les petits jobs au noir…

Ce portrait doux-amer d'un personnage à la poursuite d'une chimère (réussir à New York !) n'est pas exempt de charme ; il en faut pour masquer la vérité d'une situation rongée au fil des saisons par la précarité, les désenchantements et la nécessité d'avaler des concessions. En définitive, Nico exerce davantage ses talents de comédien lorsqu'il doit simuler pour ses proches une situation florissante — ou, à tout le moins, prometteuse.

Nobody's Watching, “personne ne regarde“ se révèle autant un constat qu'une mise en garde à son attention : qu'il soit devant la caméra de la supérette où il subtilise de quoi manger ou en concurrence avec d'autres comédiens, Nico semble invisible dans cette grande cité. Tout semble lui contester sa place, voir son identité — tel ce responsable de casting lui refuse, parce qu'il est blond, de participer à une audition pour un rôle de personnage latino.

Julia Solomonoff dresse en parallèle un tableau édifiant des coulisses de la ville à l'époque des plateformes d'hébergement en ligne et des selfies, ici perçue du point de vue des minorités qui la font tourner. Celles-ci gardent les enfants, servent dans les cafés branchés, nettoient, donnent des cours de yoga, livrent à vélo, tout en demeurant, également, des invisibles. Comme Nico, beaucoup espèrent gober la lune à New York ; mais hélas de la Grosse Pomme, il ne finissent que par recracher les pépins.


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