Ben Mazué : « Je me sens comme un militant de l'optimisme »

Avec Une Femme Idéale, l'auteur-compositeur-interprète d'origine niçoise Ben Mazué a sans doute sorti l'un des plus beaux albums de l'année. Avant qu'il ne vienne présenter son spectacle au festival Paroles & Musiques, nous avons échangé quelques mots avec cet ex-médecin devenu un des meilleurs poètes de la chanson française actuelle.


Vous avez déclaré à plusieurs reprises vous être trouvé musicalement avec cet album La Femme Idéale. Comment avez-vous abordé ce disque ?
Je voulais faire un album de chansons et garder tous les poèmes pour la scène. J'ai fait des chansons et après j'ai écrit une histoire que je raconte sur scène. Ce disque est un peu une bande originale de cette histoire qui s'intitule La Princesse et le Dictateur. Je n'ai pas appelé l'album comme cela car je trouvais La Femme Idéale plus joli.

La composition de ce disque s'est faite en combien de temps ?
J'avais écrit quelques titres sur les deux dernières années mais j'ai composé le plus gros de l'album pendant l'été et l'automne car je n'avais que cela à faire. Ce qui est rare. C'est une chance de ne pouvoir que penser à la composition pendant un temps.

Concernant les clips qui illustrent votre album, vous avez notamment sorti une trilogie réalisée par Manu Boyer. Pourriez-vous nous en dire quelques mots ?
J'avais l'idée de faire une espèce de documentaire sur des gens de la vraie vie. Je me suis alors mis en quête d'une équipe qui pourrait m'aider à réaliser ce projet. Pour La Femme Idéale, nous voulions une femme qui soit maman et pilote d'hélicoptère, pour Illusion nous voulions un vieux maire et pour 10 ans de nous nous voulions un homme qui fait du footing/trail. J'ai trouvé une boîte de production Les Films de Morphée et un réalisateur Manu Boyer qui est un ami d'amis et nous sommes partis filmer ces clips.

« J'essaie de trouver chez moi des émotions qui sont universelles et donc partageables. »

Vous expliquiez également que les salles qui vous accueillent pour des concerts sont désormais plus grandes, depuis le succès de 33 ans et que vous aviez l'impression de vous assumer davantage. Est-ce que ça a changé votre travail pour la scène ?
C'est en effet un travail scénique différent. Le public connaît mieux mes morceaux. Il ne vient plus pour découvrir. J'ai fait de nombreuses scènes découvertes ou en première partie, ou bien dans des salles où les gens venaient en faisant confiance à la programmation mais sans me connaître. Quand on joue devant un public qui vous découvre, on joue forcément différemment. On n'utilise pas les mêmes mots, on introduit pas les choses de la même façon et on ne joue pas avec le public comme je peux le faire désormais. Cela dit, j'aborde la scène avec toujours la même intention. Mon grand défi est de réussir mes spectacles. J'y mets beaucoup de rigueur et c'est pourvoyeur de pas mal de pression, surtout positive. Il faut être concentré en permanence.

« Mon grand défi est de réussir mes spectacles. J'y mets beaucoup de rigueur et c'est pourvoyeur de pas mal de pression, surtout positive. Il faut être concentré en permanence. »

Les thématiques que vous abordez sont toujours teintées de mélancolie tout en étant positives, tout en étant dans une introspection cachée derrière des histoires attribuées à d'autres. Êtes-vous d'accord avec cette définition ?
Je parlerais de nostalgie plutôt que de mélancolie qui s'apparente à une grande tristesse, qui conduit à la dépression. Je mets en effet une part de positivisme dans cette nostalgie que j'insuffle à mes titres. J'essaie d'être lucide et à travers cette lucidité de mettre une dose de positif dans l'avenir. Mais cet optimisme, qui peut paraître parfois naïf, j'en fais un peu mon étendard. Je me sens comme un militant de l'optimisme. Quant au fait de parler des autres pour finalement parler de moi, je dirais que c'est plutôt l'inverse. Je parle de moi pour parler des autres. C'est ma façon d'aborder les choses. J'essaie de trouver chez moi des émotions qui sont universelles et donc partageables.

Ben Mazué, mercredi 27 juin à 20h30 à la salle Jeanne d'Arc, dans le cadre du festival Paroles & Musiques 2018


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