Simon Javelle : « Notre objectif était d'avoir une grande scène en plein air en centre-ville »

Le festival stéphanois Paroles et Musiques change d'envergure cette année avec des dates resserrées sur 5 jours,  une grande scène en plein air au Parc-Musée de la mine, un partenariat avec Morgane Production... Mais il conserve son état d'esprit autour de la chanson, tout en laissant sa chance aux artistes émergents. Rencontre avec Simon Javelle, son programmateur, pour évoquer toutes ces évolutions.


Il y a beaucoup de nouveautés autour de Paroles et Musiques cette année. Pouvez-vous nous les détailler ?
Simon Javelle :
La grande nouveauté cette année est notre retour en centre-ville et notre installation au Parc-Musée de la mine avec la scène que l'on a appelée La Grande Prairie. Elle sera située dans un bel écrin de verdure, derrière le chevalement. L'espace sera assez grand avec également un espace food trucks, une partie bar et une autre dédiée aux entrées. La scène surplombera le Musée de la mine. Notre objectif était d'avoir une grande scène en plein air en centre-ville, avec La Grande Prairie c'est chose faite. Parallèlement, la scène de la place Jean Jaurès correspond à une autre volonté, celle d'animer l'espace public. Cette année, il y aura deux aprè-midi, de 12h à 18h le samedi 30 juin et le dimanche 1er juillet, avec des concerts de groupes locaux en devenir, une dictée citoyenne, de la capoeira, une démonstration de l'école de musique connectée par l'école de Solaure, des jeux en bois, une expo... mais également des petits showcases surprises de la part des artistes programmés au Pax cette année. Enfin, il y a le nouveau concept de Paroles de Matrus, que l'on a envie de développer à l'avenir. Une vraie scène junior sur le festival. Nous commençons en 2018 avec 3 concerts au Pax.

Les dates également du festival ont évolué et sont désormais concentrées sur 5 jours...
Nous nous rendions compte que faire 9 jours de festival, c'était éprouvant pour nous mais aussi pour le public. Nous voulions concentrer les dates car l'idée est d'attirer, dans les années à venir, des festivaliers de l'extérieur. Nous avons aussi changer les dates et choisi la période de la fin du mois de juin pour avoir du beau temps. Mais également pour profiter du fait que les artistes soient en pleine tournée. Début juin, c'est une période plus compliquée...

Vous avez également tissé un lien fort avec Morgane Production, structure notamment des Francofolies de La Rochelle ?
Je cherchais un partenaire pour cette nouvelle mouture de Paroles et Musiques qui nous fait prendre des risques assez importants. Le budget passe de 800 000 € à 1, 5 million. Les subventions augmentent un peu mais la part de subventions n'est pas en proportion avec l'augmentation des budgets, loin de là... Nous sommes sur un auto-financement à plus de 80%. Il nous fallait non seulement des partenaires solides pour prendre de tels risques mais également des gens qui connaissent ce type de format de festival sur le bout des doigts, qui ont un carnet d'adresses important. J'en ai rencontré deux potentiels et Morgane correspondait exactement à ce que je cherchais. De plus, nous avions déjà travaillé avec eux sur le Chantier des Francos en 2008. Nous nous connaissons depuis longtemps avec Gérard Pont et ça colle. L'objectif, à terme, est d'arriver à faire à Paroles et Musiques ce que font les Francos avec les Chantiers et Bourges avec les Inouïs. Ca mettra 5 ou 6 ans mais l'idée est de travailler sur l'émergence avec eux. C'est ultra important pour nous.

Concernant la partie artistique, qu'avez-vous voulu insuffler sur cette édition par rapport aux précédentes ?
Il y a une continuité dans l'esprit : c'est un festival axé sur la chanson. La priorité était la nouvelle grande scène. Nous développerons davantage les actions culturelles ou les créations dans les années à venir. La mise en place d'une telle infrastructure qu'est La Grande Prairie ne se fait pas du jour au lendemain. Nous avons misé sur deux grandes têtes d'affiche par soir. Nous avons donc limité la prise de risques sur les autres scènes. Nous savons également que nous allons mettre 2 ou 3 ans pour convaincre les Stéphanois et qu'ils s'approprient cette scène. Il faut que ça s'installe.

« Aujourd'hui, la notion de découverte est vraiment bizarre. Ca va tellement vite...  Lorsque j'avais programmé Eddy de Pretto personne n'en parlait, quand il a joué au festival, il commençait à faire parler de lui et un an plus tard il est sur la grande scène... »

Concernant les découvertes, comment fonctionnez-vous pour les sélectionner ?
Je vais découvrir beaucoup de choses toute l'année. C'est le cœur de mon métier au final et c'est ce qui m'éclate. Je reviens par exemple sur Gauvain Sers et Eddy de Pretto. Nous les avions déjà programmés l'année dernière en découvertes. Cette année ils seront sur la scène de La Grande Prairie. C'est toujours une fierté. Avec le temps, je connais davantage les réseaux, les artistes... Et ce que j'apprécie le plus, c'est de donner sa chance tout de suite à un artiste. Aujourd'hui, la notion de découverte est vraiment bizarre. Ca va tellement vite... Lorsque j'avais programmé Eddy de Pretto personne n'en parlait, quand il a joué au festival, il commençait à faire parler de lui et un an plus tard il est sur la grande scène... Concernant cette édition, Foé et Hoshi ont fait un peu parler d'eux mais Hervé par exemple n'a même pas encore une chanson en ligne sur Internet. Nous sommes là aussi pour faire des paris. Nous avons de l'argent public qui doit servir à cela et à faire la scène de Jean Jaurès.

Festival Paroles et Musiques, du 27 juin au 1er juillet
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