Putain 30 ans !

Incontournable rendez-vous des étés altiligériens, le singulier festival du Monastier demeure "ze place to cuivre" depuis déjà trente ans, avec cette année encore une programmation qui rapproche les genres et les publics.


Trente bougies, ce n'est pas rien. Sur le Chemin de Stevenson, le festival a su garder le cap et peut fièrement se retourner sur une route jalonnée de rencontres musicales mettant à l'honneur, de mille et belles façons, les cuivres de tous les continents. Pour preuve, les concerts ne semblent souffrir cette année encore d'aucunes barrières, même les stages proposés jouent la diversité, de la musique ancienne à la fanfare tzigane. Parmi les formations à découvrir en live lors de cette édition anniversaire, citons notamment Bal'Kanard dont la musique festive, entre Balkans et Carpates, invite le public à la danse sous les coups de boutoir de six musiciens habités. Dans un style plus chaloupé, l'étonnant Eyo'nlé Brass Band cuisine les cuivres à la sauce africaine, mêlant chaleureusement rythmes, danses et chants du Bénin. Le groupe, qui a collaboré à plusieurs reprises avec Les Ogres de Barback, fait vivre la tradition des cuivres issue du pourtour du Golfe de Guinée, où se rencontrent l'afrobeat yoruba, le high life ghanéen et les musiques vaudous béninoises. La nueva cumbia du groupe mexicano-lyonnais Kumbia Boruka associe quant à elle reggae et cumbia colombienne des années soixante, avec l'heureux mariage de l'accordéon, des percussions et du chant.

Maloya

Le festival du Monastier accueillera également, pour la toute première fois, une des formations d'origine réunionnaise les plus intéressantes du moment. Alors qu'en métropole l'afrobeat connait un phénoménal revival qui remet aux goûts du jour les hits de Fela Kuti, le groupe Identité mélange jazz et musique maloya, précieux héritage des pratiques musicales amenées dans l'île par les esclaves. Autour du saxophoniste et compositeur Gaël Horellou, Identité joue ainsi un jazz coloré dans lequel les harmonies du jazz américain dansent sur des rythmiques de l'Océan Indien, mariant avec réussite deux musiques noires qui ne se rencontrent que rarement. À la tête d'un sextet plutôt musclé (le sax, la guitare et l'orgue s'appuient sur trois percussionnistes-chanteurs), Horellou rebooste le jazz réunionnais qui avait tendance à somnoler dans un groove jazz-fusion tropical plutôt bavard car trop démonstratif. Avec cette volonté de revenir à une certaine traditionnalité et donc à l'essentiel, le groupe joue un jazz sans fioritures sur une solide base rythmique maloya. L'an passé, l'album éponyme Identité était nommé Disque de l'année TSF jazz !

Festival du Monastier, du 4 au 10 août au Monastier sur Gazeille (Haute-Loire)


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