Battements du cœur


Oui, il a eu un César pour la musique du film 120 Battements par minute... Mais il serait dommage de réduire Arnaud Rebotini à ce simple fait d'armes. D'abord disquaire chez Rough Trade à Paris, cet artiste moustachu fut d'abord reconnu avec Black Strobe, aux côtés d'Ivan Smagghe. Il commit alors plusieurs tubes entre rock et électro, qui ont marqué les années 2000, à l'instar d'Italian Fireflies (2003) ou I'm a Man (2007). Fervent défenseur de l'analogique, il déteste travailler avec un ordinateur et privilégie en studio et sur scène claviers analogiques et boîtes à rythmes. Donnant ainsi une texture beaucoup plus chaleureuse à ses créations et ses prestations. 

Arnaud Rebotini, samedi 22 septembre au Fil pour le Mi-Nuit Festival et mardi 30 octobre à Riorges pour Les Mardi(s) du Grand Marais


Arnaud Rebotini : « J'ai fait le choix de l'analogique pour le son des machines mais aussi pour le plaisir d'exécution »

Qu'est-ce que le César, reçu pour la bande originale du film 120 Battements par Minute de Robin Campillo, a changé pour vous ?
Cela m'a apporté une notoriété plus importante mais aussi de nouvelles dates cette année. La BO est sortie en août 2017 et le coup de projecteur mis par la cérémonie des César en mars dernier a prolongé l'aventure.

Ce travail sur la musique d'un film a -t-il été très différents de la composition d'un album "classique" pour vous ?
En l'occurrence, oui et non. Il y avait un cahier des charges qui devait correspondre à un son d'époque et un style que Robin voulait présents dans son film. C'est assez facile de travailler avec lui car il connaît très bien la musique en générale.

Vous travaillez sur la musique d'un spectacle de danse également, Fix Me...
Oui c'est en cours de création, la première aura lieu au festival Nördik Impakt, à Caen, au mois d'octobre.

La musique dans un film vient aider la narration, alors que dans un spectacle de danse elle fait partie de la narration en elle-même.

Le travail est-il encore une fois différent entre le travail sur un spectacle tel que celui-ci et une bande originale ?
Oui, parce que la musique est beaucoup plus présente dans un spectacle de danse que dans un film. La musique dans un film vient aider la narration, alors que dans un spectacle de danse elle fait partie de la narration en elle-même. C'est une vraie trame qui conduit la dramaturgie et qui vient épouser les danseurs ou l'inverse. Elle est continue alors que dans un film, on vient seulement appuyer des moments ou des sentiments. C'est d'abord l'image et le scénario qui comptent. Pour Fix Me, je l'écris vraiment avec le chorégraphe alors que pour 120 Battements par Minute je n'ai pas pris part au scénario...

Une de vos caractéristiques est de n'utiliser aucun ordinateur mais seulement des machines et synthétiseurs dans vos compositions et sur scène. Ce qui est assez rare en musiques électroniques. Combien avez-vous de machines et de synthétiseurs dans votre collection ?
Je dois en avoir une centaine...

Utilisez-vous certaines machines dans l'ensemble de vos lives ou changez-vous à chaque fois ?
Pour la tournée d'un album, je garde toujours les mêmes machines. Après, suivant les albums ou les spectacles que j'ai pu faire, j'adapte les machines présentes sur scène.

Pour le Mi-Nuit Festival et les Mardis du Grand Marais, proposerez-vous le même live ?
J'aurai les mêmes machines mais les deux lives seront différentes. Il y a pas mal de passages improvisées même si la trame et les morceaux sont communs aux dates de cette tournée. J'ajoute des parties qui sont différentes à chaque fois.

Pour revenir sur vos machines, pourquoi avoir fait le choix de ne pas utiliser d'ordinateur ?
J'ai fait le choix de l'analogique pour le son des machines mais aussi pour le plaisir d'exécution. Avec des interfaces et ordinateurs, tout est plus fragile et je suis moins inspiré par ces choses-là... J'aime les claviers et la manière dont je les connecte entre eux me permet d'obtenir des sons assez uniques.


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