Vent frais

Chaque année, il est le festival de la rentrée, prolongeant les vacances pour quelques temps encore, invitant le public à apprécier le jazz dans toute sa pluralité, à mille mètres d'altitude et quelques encablures de la cité stéphanoise. Jazz au Sommet remet le couvert pour la douzième année.


Singulier, familial et champêtre, le festival reste fidèle à ses principes fondateurs. Une équipe exclusivement composée de bénévoles se démène toute l'année pour bâtir une programmation aussi exigeante qu'éclectique, en partenariat avec une foultitude d'acteurs culturels et socio-éducatifs disséminés sur le vaste territoire de la communauté de communes des Monts du Pilat. Une offre qui se décline en plusieurs volets, avec des concerts ou des animations en plein air et, bien entendu, des concerts en salle. Suivi par un public fidèle, Jazz au Sommet voyait sa fréquentation encore progresser de 22 % l'an passé. Pour autant, l'association ne se repose pas sur ses lauriers. L'édition 2018 s'annonce plutôt alléchante avec de belles découvertes comme, entre autres, le magnifique duo guitare-kora African Variations (vendredi 7), la chanteuse Raffaela Siniscalchi qui se réapproprie les ballades de Tom Waits (jeudi 13), ou encore la journée Nouvelle Orleans que propose d'enflammer le jouissif brass band des Po'boys, enchaînant une parade l'après-midi et un concert en début de soirée (samedi 15). La douzième édition de Jazz au Sommet se terminera comme les onze précédentes, par la traditionnelle rando-concert au Crêt de Chaussître. Cette année, la chanteuse Norig et son Gypsy Orchestra viendront y clore les festivités en beauté (dimanche 16).

Vent qui souffle au sommet des sapins

Un des climax du festival devrait être le concert de Foehn Trio, le 14 septembre, salle Jules Verne à Saint-Genest-Malifaux. Depuis leur victoire au tremplin du Cosmo Jazz Festival en 2016 et quelques autres distinctions plus qu'encourageantes, cette jeune formation lyonnaise ne cesse de se produire en live, se forgeant ainsi une solide expérience scénique et gagnant avec une impressionnante fulgurance une belle maturité. Christophe Waldner (piano), Cyril Billot (contrebasse) et Kevin Borqué (batterie) ont enregistré leur premier album, Magnésie, au studio de la Maison des Artistes de Chamonix-Mont-Blanc, sous le label créé par l'inénarrable André Manoukian, Mad Chaman. Cette première galette propose un voyage musical de soixante minutes, dévoilant un univers aérien et puissant à la fois au gré des dix compositions du pianiste. L'inspiration de Christophe Waldner est à chercher du côté des éléments et des montagnes, à l'image même du nom du trio, celui de l'effet de föhn, phénomène météorologique et vent ancestral qui déplace le sable saharien jusque dans les hauteurs alpines. Le sens de la mélodie est ici bluffant (on pense au regretté E.S.T. ou aux meilleurs titres de Shaï Maestro) et la rythmique est brillamment efficace sans jamais oublier d'être subtile. Il se dégage de cette musique une intensité et une profondeur qui parlent au ventre, avec cette intime sensation d'espace qui vous fait pousser des ailes. Repéré comme "Artiste Emergent" par le dispositif régional JAZZ(s)RA, Foehn Trio est sans conteste une des plus belles révélations régionales du moment en matière de jazz actuel.

Festival Jazz au Sommet, jusqu'au 16 septembre, à Marlhes, Planfoy, Saint-Régis-du-Coin, Burdignes, Saint-Sauveur-en-Rue et Saint-Genest-Malifaux


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Jason Chicandier, bon vivant