Les yeux dans le jazz

Pour son quarantième anniversaire, le Rhino Jazz(s) festival investit trois gares ligériennes avec les superbes photos live d'un amoureux de la petite note bleue, le photographe Roger Berthet.


Photographier le jazz n'est pas chose facile. Le photographe manque souvent de lumière. Il s'agit alors d'ouvrir grand le diaphragme de l'objectif et bien souvent de flirter avec les hautes sensibilités, qu'elles s'expriment en ASA argentiques ou en ISO numériques. Il faut observer la gestuelle des musiciens, trouver le bon angle, doser la profondeur de champ et déclencher au bon moment, bref, être au rendez-vous du fameux instant décisif cher à Henri Cartier-Bresson. Roger Berthet est de ces photographes discrets qui rôdent à pas de velours au pied des scènes de jazz de la région, de Vienne à Montbrison, en passant bien sûr par le Rhino Jazz(s) qu'il suit depuis ses débuts, autant dire depuis des lustres. Comme bien d'autres de ses confrères, Roger a suivi l'évolution du matériel, délaissant peu à peu la pellicule au profit du capteur, avec ses atouts et ses faiblesses, préférant au simples Jpeg les lourds fichiers RAW qu'il retravaille ensuite patiemment, à œil reposé, sur son écran.

Le train sifflera trois fois

En partenariat avec la SNCF et avec la bienveillance du Rhino Jazz(s), Roger Berthet présente pas moins de trente-deux clichés en grand format, répartis dans les gares de Saint-Etienne Châteaucreux, Saint-Chamond et Rive-de-Gier. Trente-deux artistes ayant participé au festival à cornes, des femmes et des hommes pris sur le vif, saisis à chaud en plein acte musical, le plus souvent cadrés en plan rapproché, en noir et blanc ou en couleur, trente-deux artistes que le jazz rapproche quels que soient leurs profils, parcours ou origines. On retrouve, entre autres, Michel Portal (pas un cheveux blanc en 1989 !), Marta Ren, Ray Anderson, Curtis Fuller, Gérald Chevillon, Lionel Martin, Elodie Pasquier, Dee Dee Bridgewater, la belle Ala.Ni, une étonnante photo de Efrem Towns soufflant dans deux cuivres à la fois, ou encore l'éblouissant sourire de la chanteuse et comédienne malienne Fatoumata Diawara.

Cadeau

Grand amateur de free jazz, lui-même ex-musicien puis collaborateur de la revue Jazz Notes, Roger montre rarement son travail. Il explique : « J'expose peu car cela ne m'intéresse pas vraiment. Je fais ce cadeau au Rhino avec grand plaisir car il le mérite mille foisJ'ai remis une centaine d'images à l'équipe du festival, lui laissant faire son propre choix parmi mes images. » C'est donc une occasion assez rare pour le grand public d'apprécier la valeur du travail de ce photographe à la fois humble et passionné. On peut noter au passage que la SNCF, même à Saint-Étienne, a pris la bonne habitude de proposer au regard de ses usagers des expositions photographiques de qualité, mettant bien souvent en lumière les talents locaux.

40 ans de jazz(s),  photographies de Roger Berthet, gares de Saint-Étienne Châteaucreux, Saint-Chamond et Rive-de-Gier, jusqu'au samedi 27 octobre


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